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  • Les résultats économiques de l’Allemagne restent marqués par la vigueur des exportations, grâce à de nombreuses années d’amélioration tendancielle de la compétitivité extérieure mais aussi pour la faiblesse persistante de la demande domestique. Dans une certaine mesure, ces deux tendances sont liées. La modération des salaires, si elle a renforcé la compétitivité, s’est soldée par une croissance médiocre des revenus des ménages, bridant ainsi la consommation; en outre, une inflation plus basse que dans les autres pays de la zone euro a fait monter le taux d’intérêt réel en Allemagne. Certains signes de redressement de la demande interne sont apparus, et les enquêtes sur la confiance des entreprises et les nouvelles commandes montrent que la reprise pourrait prochainement s’élargir. Mais les statistiques trimestrielles pour le PIB révèlent que ce processus ne s’est bien ancré qu’à la fin de 2005. Au total, l’OCDE prévoit pour 2006 une croissance du PIB réel légèrement supérieure au potentiel, de l’ordre de 1¾ %, après 1.1 % en 2005 (avec correction pour tenir compte des jours ouvrables). La poursuite de la réforme structurelle peut contribuer à un raffermissement de l’activité intérieure, complétant ainsi les impulsions externes favorables.

  • Après des années de croissance léthargique et de faiblesse de la demande, l’Allemagne pourrait maintenant enregistrer une solide reprise. De nouveaux progrès sur la voie des réformes économiques pourraient transformer ce redressement conjoncturel en une expansion soutenue, l’amélioration des conditions du côté de l’offre et la hausse des revenus permanents alimentant une demande courante plus dynamique. L’enjeu auquel est confrontée l’Allemagne dans ce contexte est d’améliorer ses résultats sur divers fronts – générer une plus forte croissance de l’emploi et de la productivité, assurer la viabilité des finances publiques – tout en préservant dans le même temps ce qui pourrait bien être une véritable reprise ne touchant pas que le secteur exportateur. Pour ce faire, une stratégie globale est requise. Dans le secteur public, la maîtrise des dépenses devrait aller de pair avec la réalisation de réformes. La réforme du marché du travail doit être approfondie et élargie afin de réduire les obstacles affectant l’offre et la demande de main-d’oeuvre. Il importe d’accroître l’efficience du système éducatif afin de renforcer le potentiel de croissance de l’Allemagne et de garantir les niveaux de vie à l’avenir. En outre, l’intensification de la concurrence sur les marchés de produits contribue à accroître la productivité et implique une redistribution des revenus réels en faveur des consommateurs.

  • Bien que les dépenses publiques aient été structurellement réduites par rapport au PIB ces dernières années, le ratio d’endettement a atteint un niveau élevé et il faut s’attendre à une forte hausse des dépenses liées au vieillissement. Des mesures sont en place pour diminuer le déficit à partir de 2007, notamment en relevant le taux normal de la TVA, mais pour assurer la viabilité des finances publiques il faudra de nouvelles initiatives d’assainissement sous la forme d’une meilleure hiérarchisation des dépenses. Il faut à tous les niveaux d’administration une politique d’assainissement plus déterminée, notamment en mettant fin au renflouement des Länder qui connaissent des difficultés financières. Il faudrait que la réforme des relations budgétaires entre la Fédération et les Länder introduise plus de clarté dans les compétences législatives, réduise les cofinancements entre niveaux d’administration et élargisse les possibilités de recettes fiscales propres à l’échelon infranational. Les recettes fiscales sont à considérer comme modérées, mais les taux effectifs d’imposition des entreprises et des travailleurs sont élevés, avec des effets négatifs sur la production potentielle; c’est pourquoi il faudrait élargir encore les bases d’imposition en éliminant certaines dépenses fiscales, notamment celles consenties pour la taxation des revenus du capital.

  • Si le niveau moyen de formation de la population d’âge actif est relativement élevé, puisque la plupart des individus ont au moins un diplôme de fin du deuxième cycle du secondaire, le taux d’obtention de diplômes dans le supérieur est l’un des plus faibles de la zone OCDE et les résultats au niveau du secondaire doivent être améliorés. Un plus large accès à l’éducation dans la petite enfance ainsi qu’une évaluation plus cohérente de la performance du système d’enseignement par rapport à des normes nationales ou à des normes au niveau des Länder, associés à une plus grande autonomie des établissements scolaires, notamment pour ce qui est des décisions concernant le personnel, pourraient contribuer à améliorer les résultats de l’enseignement secondaire. Les universités doivent être davantage incitées à offrir des formations attrayantes de relativement courte durée, grâce à des financements prenant plus largement en compte les résultats et à un renforcement de leur autonomie décisionnelle concernant le budget, les questions administratives et de personnel et l’admission des étudiants. Des droits de scolarité, conjugués à un système de prêts et à un système de remboursement assujetti à des critères de ressources, devraient être introduits dans tous les Länder.

  • D’importantes réformes du marché du travail ont été mises en oeuvre ces trois dernières années. Elles doivent être poursuivies dans plusieurs domaines afin de permettre à l’économie de créer davantage d’emplois. Le système actuel de prélèvements et de transferts dissuade encore dans bien des cas les personnes âgées et les conjoints de travailler, situation à laquelle il y aurait lieu de remédier. L’indemnisation du chômage et les politiques actives du marché du travail pourraient être conçues de manière à favoriser davantage le retour à l’emploi des chômeurs, et la réforme institutionnelle du service public de l’emploi doit être poursuivie. S’agissant de la demande de main-d’oeuvre, l’efficience du système de protection de l’emploi pourrait être améliorée. Par ailleurs, il y aurait lieu de prendre des dispositions pour permettre une plus grande flexibilité des salaires en fonction des qualifications et suivant les régions, afin de lutter contre le chômage.

  • En dépit des progrès accomplis ces dernières années, beaucoup reste à faire pour rendre la réglementation des marchés de produits plus propice à la concurrence, ce qui induira de substantiels avantages en termes de bien-être du consommateur, de productivité et d’emploi. Le droit commun de la concurrence et son cadre d’application sont dans l’ensemble efficaces, mais il faut alléger les charges administratives qui pèsent sur l’entrepreneuriat et réduire l’intervention de l’État dans les activités du secteur des entreprises, notamment par une privatisation accélérée. Il convient de réviser le dispositif favorable aux petites entreprises, pour les exposer pleinement à la concurrence et éviter de décourager leur expansion. De sérieux problèmes de réglementation persistent dans certains secteurs, notamment l’énergie et les chemins de fer, où l’accès non discriminatoire des entrants aux réseaux demande à être amélioré. Dans l’industrie des télécommunications, la concurrence sur la boucle locale peut être renforcée. La réglementation des professions libérales est parmi les plus restrictives de la zone OCDE. Dans le secteur de l’artisanat, les obstacles à l’entrée doivent être supprimés. Il convient en outre d’assouplir les restrictions qui limitent le développement des magasins de grande surface.