Table des matières

  • L’économie chilienne se redresse vigoureusement depuis la fin du ralentissement de 1998-2003. La conjoncture extérieure y contribue, avec une liquidité internationale toujours abondante et des prix des produits de base qui restent d’un bon niveau, notamment en ce qui concerne le cuivre. La reprise de l’investissement privé a été très marquée, portant le ratio investissement-PIB à 25 % en 2004, niveau largement supérieur au niveau moyen qui prévalait au Chili à l’époque de l’« âge d’or », caractérisé par une rapide expansion du PIB (1985-97). Le chômage déclaré commence seulement de reculer, malgré la disparition de l’écart de production, du fait principalement d’une progression plus rapide du taux d’activité, en particulier pour les femmes, que la création d’emplois jusqu’à une période récente. Les autorités ont pour tâche essentielle de veiller à ce que la reprise, et plus particulièrement le dynamisme de l’investissement privé, perdure et se traduise par une hausse durable du potentiel de croissance de l’économie dans les années à venir. Cela est possible si l’on stimule l’activité d’innovation, si l’on continue de promouvoir une réglementation proconcurrentielle, en particulier dans les industries de réseau, et si l’on rehausse le taux d’activité et la productivité. De cette façon, l’écart de revenu entre le Chili et la zone de l’OCDE se comblera sans doute plus vite. Le revenu par habitant du Chili (à parité de pouvoir d’achat) représente actuellement moins de 40 % de la moyenne OCDE et moins de 30 % de celui des États-Unis, ce que laisse encore une ample marge de rattrapage en termes de niveau de vie relatif. Les gains à long terme les plus importants proviendront probablement du renforcement de l’accumulation de capital humain, plan sur lequel le Chili accuse le plus grand retard.

  • La reprise qui a fait suite au ralentissement de 1998-2002 est maintenant bien enclenchée. L’investissement privé s’est redressé avec une vigueur remarquable, portant le ratio investissement-PIB à 25 % en 2004, niveau largement supérieur à celui de la période de croissance rapide du PIB qui a représenté l’« âge d’or » du Chili, de 1985 à 1997. Néanmoins, accroître le potentiel de croissance de l’économie demeure une tâche majeure pour les autorités chiliennes. Cela sera possible en encourageant l’innovation, en continuant de renforcer la réglementation proconcurrentielle, surtout dans les industries de réseau, et en rehaussant le taux d’activité de la population active et la productivité. De cette manière, l’écart de revenu entre le Chili et les économies plus prospères se comblera sans doute plus rapidement. Actuellement à moins de 40 % du revenu moyen des pays de l’OCDE, le revenu par habitant du Chili (corrigé des parités de pouvoir d’achat) laisse une grande marge de rattrapage des niveaux de vie relatifs.

  • La gestion macroéconomique a été exemplaire. Avec une reprise économique désormais amplement confirmée, la politique monétaire prend une orientation plus neutre justifiée par la convergence des anticipations vers le milieu de la cible d’inflation. La principale difficulté macroéconomique consistera à maintenir la rigueur budgétaire, dans la mesure où la règle de l’excédent budgétaire structurel, adoptée en 2000, n’est pas inscrite dans la loi et où les gouvernements futurs auront la possibilité d’y renoncer. Il ne faut pas sous-estimer la pression en faveur d’un plus grand activisme budgétaire à l’avenir, compte tenu de l’endettement public relativement faible et de la nécessité de répondre aux multiples revendications sociales. Il importe aussi de s’occuper des engagements éventuels associés au régime de retraite au vu de la densité toujours faible des cotisations. Il est possible de faire face à ces imprévus par un préfinancement des engagements éventuels en mettant à profit la situation budgétaire favorable dont jouit actuellement le Chili. La gestion de la dette pourrait s’assigner pour objectif de nouvelles réductions de la dette libellée en dollar et indexée sur l’inflation, ce qui contribuerait au développement d’un marché intérieur des valeurs à revenus fixes libellées en peso.

  • Un cadre propice à l’investissement dans l’innovation est de nature à stimuler le potentiel de croissance du Chili. Les dépenses de R-D actuelles sont faibles par rapport au PIB et fortement tributaires des finances publiques. En outre, les volumes insuffisants de capital d’amorçage et de capital-risque ainsi que les contraintes de capital humain freinent l’activité d’innovation dans le secteur des entreprises, et ce en dépit de plusieurs facteurs favorables, notamment la stabilité macroéconomique, le régime libéral régissant le commerce extérieur et l’investissement, ou la réglementation relativement proconcurrentielle des marchés de produits. Le gouvernement a l’intention d’accroître les dépenses publiques de R-D, qui seront financées par les recettes de l’impôt sur les activités minières instauré en mai 2005, et de créer un Conseil national de l’innovation. L’efficacité de ces mesures dépendra pour une large part de l’impulsion qu’elles donneront à l’innovation financée par les entreprises afin de mettre à profit les avantages comparatifs du Chili.

  • Le cadre réglementaire en place au Chili fonctionne assez bien. Les réformes structurelles engagées dans les années 80 avec la privatisation des entreprises de service public et la déréglementation des marchés des produits et du travail ont contribué à améliorer l’affectation des ressources et facilité l’accès de la population aux services essentiels en imposant une remise à niveau générale des dispositifs de réglementation. En même temps, les partenariats public-privé (PPP) permettent de réduire le déficit d’infrastructures du Chili notamment dans les transports. Les ruptures récurrentes d’approvisionnement en gaz naturel d’Argentine qu’a connues le pays depuis 2004 rendent d’autant plus urgente l’adoption, dans le secteur électrique, d’une réglementation destinée à encourager l’investissement dans la production et à garantir la sécurité d’approvisionnement. Dans ce chapitre, nous étudierons la réforme de la réglementation dans trois industries de réseau (électricité, gaz et télécommunications) où une accentuation de la libéralisation, notamment l’ouverture à la concurrence de la vente au détail d’électricité, et des améliorations de la régulation, dans le cas des télécommunications, seraient très bénéfiques au climat des affaires. La gouvernance des partenariats public-privé aurait tout à gagner d’une transparence accrue et d’une plus grande responsabilité dans le processus d’attribution des concessions. De cette manière, il sera possible de limiter les passifs éventuels de l’État.

  • Pour maintenir un taux de croissance élevé de son PIB, à moyen terme, le Chili doit améliorer le fonctionnement de son marché du travail. Ce chapitre est consacré à un examen des options de réforme dans ce domaine. On observait, dans l’Étude de 2003, qu’ayant une population relativement jeune et un taux d’emploi faible parmi les femmes et les jeunes, le Chili dispose d’une marge potentielle d’accroissement de l’offre de main-d’oeuvre plus importante que la plupart des économies de l’OCDE. On pourrait accroître l’offre de main-d’oeuvre en assouplissant les restrictions visant la durée des contrats temporaires et la répartition du temps de travail des personnes occupées à plein temps, et en améliorant les possibilités de garde des enfants et d’accueil préscolaire. L’écart de revenu entre le Chili et la zone OCDE s’explique, pour l’essentiel, par une moindre productivité. Pour combler cet écart, on pourrait encourager l’accumulation de capital humain chez ceux qui sont déjà sur le marché du travail en améliorant l’efficience de la formation dispensée au niveau de l’entreprise, tout en continuant d’oeuvrer pour une amélioration de la qualité de l’enseignement formel.