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  • Après une année 2000 très favorable, l’économie suisse n’a pas échappé au ralentissement conjoncturel international l’an passé. La progression du PIB d’environ 1¼ pour cent en 2001 a toutefois été similaire à celle de la zone OCDE, après une décennie de performance décevante. La contraction des exportations a conduit les entreprises à réduire leurs investissements et à comprimer leurs stocks, mais la consommation des ménages a limité la décélération de l’activité grâce à la progression robuste des salaires réels et à la bonne tenue du marché du travail. Inférieur à 2 pour cent en moyenne en 2001, le taux de chômage a atteint son niveau le plus bas depuis 10 ans et l’inflation, qui était limitée à 0.5 pour cent seulement en mars dernier, restait l’une des plus faibles de l’OCDE...

  • Après la forte augmentation de 3 pour cent de la production en 2000, la Suisse n’a pas échappé au fléchissement de la croissance économique qui a touchéla plupart des pays de l’OCDE au cours de l’année 2001. La progression du PIB en volume, dont le rythme s’est établi à 1¼ pour cent en moyenne en 2001, a été similaire à celle de la zone euro et des États-Unis alors qu’elle avait été sensiblement inférieure à celle de ces deux régions depuis le début des années 90 (graphique 1). Ce ralentissement a principalement résulté de la détérioration de l’environnement extérieur qui a conduit à une contraction des exportations et des investissements. Cette décélération de l’activité a été cependant limitée par une consommation privée restée vigoureuse jusqu’à l’automne. Des créations d’emploi robustes et un taux de chômage réduit à 1.9 pour cent sur l’ensemble de l’année ont soutenu la progression du revenu des ménages ainsi que leur confiance, en dépit de la détérioration du climat général survenue après l’attaque terroriste du 11 septembre 2001 et la faillite de la compagnie aérienne Swissair. Le revenu réel des agents a également bénéficié de la baisse de l’inflation qui était limitée à seulement 0.5 pour cent en glissement en mars 2002, tandis que la balance courante a continué de dégager des excédents confortables...

  • En Suisse, pays très décentralisé, d’importants pouvoirs sont dévolus aux cantons et aux communes en matière de dépenses et de recettes. Le système fédéral, conjugué à un large usage de la démocratie directe, a permis de maintenir les dépenses publiques à un niveau relativement faible comparativement aux autres pays. Il a également permis d’adapter la fourniture des services publics en fonction des besoins et de la disposition des citoyens à payer, et d’expérimenter diverses politiques. Dans le même temps, un certain nombre de tensions ont fait leur apparition. Premièrement, il a été difficile de mettre en œuvre une politique budgétaire durable pendant la période de faible croissance des années 90, tout en laissant jouer les stabilisateurs automatiques. Deuxièmement, le financement de  plusieurs programmes de dépenses publiques, notamment ceux qui font l’objetde transferts entre les différents niveaux d’administration, a fait largement appel à des mécanismes qui n’incitaient guère à contenir les coûts et la demande. Un certain nombre de services publics se sont de ce fait caractérisés par des coûts élevés et/ou un excès de demande. Troisièmement, malgré le rôle important joué par le secteur privé dans certains domaines essentiels de la politique sociale, les pressions de la concurrence sur les prestataires de services publics ont été assez faibles, ce qui n’a pas, là encore, contribué à freiner les coûts. Quatrièmement, en raison de la fourniture et du financement de biens publics au niveau local, il a été parfois difficile de tenir compte des effets de « déperdition » (la fourniture de biens publics profitant à la juridiction voisine) ou de réaliser des économies d’échelle, d’où une faible efficacité par rapport aux coûts engagés. De plus, la fourniture de services publics essentiels n’est guère optimale, ce qui peut poser des problèmes sur le plan de l’équité...

  • Bien que la Suisse soit toujours l’un des pays les plus riches du monde, les vingt dernières années l’ont vue progressivement se rapprocher de la moyenne de l’Union européenne tandis que l’écart négatif par rapport aux États- Unis se creusait. Ces résultats relativement médiocres tiennent en partie à la longue période de stagnation des années 90, alors que le cycle était moins accusé dans les autres pays d’Europe et que l’économie des États-Unis connaissait une forte croissance (graphique 20). Néanmoins, cette tendance à la baisse traduit vraisemblablement l’existence de facteurs structurels plus profonds qui expliquent la faiblesse du taux de croissance potentiel. Ce ne sont pas des limitations de ressources qui en sont la cause, dans la mesure où les taux d’investissement ont été élevés et où l’offre de main-d’œuvre potentielle a été bien exploitée, la preuve en étant la faiblesse du taux de chômage et le niveau élevé des taux d’activité, même si l’offre de main-d’œuvre féminine pourrait encore augmenter. De plus, la population active a augmenté grâce à une immigration accrue et la population totale a progressé de 5.9 pour cent pendant la dernière décennie, davantage que dans la plupart des pays européens, ce qui donne l’assurance qu’il n’y aura pas de pénurie de main-d’œuvre dans les années à venir. En fait, la production potentielle a été limitée par la lenteur de la croissance de la productivité totale des facteurs, qui n’a été en moyenne que de ¼ pour cent par an pendant les années 90, soit moins que dans la plupart des autres pays de l’OCDE (tableau 17). Le niveau des prix est également très élevé au plan international. Le prix d’un panier composé de nombreux produits est supérieur d’environ 33 pour cent au niveau relevé dans l’Union européenne, et de 15 pour cent à celui observé aux États-Unis, malgré un niveau de vie plus faible...