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  • Cette Étude a été préparée au sein du Département des affaires économiques par Jens Arnold et Joao Jalles, sous la supervision de Pierre Beynet.Anne Legendre a apporté son aide aux travaux de recherche et Sylvie Ricordeau aux travaux de secrétariat.L’Étude a été examinée au cours d'une réunion du Comité d’examen des situations économiques et des problèmes de développement qui s’est tenue le 19 septembre 2013.Elle est publiée sous la responsabilité du Secrétaire général de l’OCDE.

  • Le Brésil a gravi les échelons du classement des principales économies du monde, tout en enregistrant une croissance nettement plus inclusive que par le passé. Ces progrès ont été étayés par des politiques macroéconomiques stables. Plus récemment, la demande a été soutenue par les mesures de relance macroéconomiques, ce qui a stimulé l’expansion du secteur non exportateur, tandis que l’industrie manufacturière voit sa compétitivité décliner, et des contraintes affectant l’offre semblent faire sentir leurs effets. L’inflation est restée élevée, les autorités l’ont laissé sortir momentanément de la marge de fluctuation retenue, et la crédibilité de la politique monétaire a risqué d’être mise à mal par des déclarations politiques concernant la future trajectoire des taux d’intérêt. La banque centrale a lancé un cycle de resserrement monétaire en avril 2013. La règle budgétaire a également été fragilisée, dans la mesure où la rigidité de cette règle – fondée sur un objectif de solde primaire – a contraint les autorités à prendre des mesures exceptionnelles, quoique légales, pour prendre en compte l’atonie de la conjoncture et atteindre l’objectif visé, ce qui a réduit la clarté du dispositif. Des difficultés budgétaires se profilent à long terme, dans la mesure où la populationcommencera à vieillir rapidement dans dix ans, et les dépenses de retraite sont déjà en augmentation.

  • Le Brésil a gravi les échelons du classement des principales économies du monde. La croissance y a été plus forte que dans la zone OCDE, mais est restée loin d’égaler celle qu’ont enregistrée les autres pays du groupe des « BRIICS » (Brésil, Russie, Inde, Indonésie, Chine et Afrique du Sud), exception faite de l’Afrique du Sud (). Point peut-être encore plus important, le Brésil a réussi à rendre sa croissance nettement plus inclusive que par le passé. L’emploi informel a reculé, le chômage a atteint un point bas record de 5.3 % en août 2013), et la pauvreté et les inégalités ont sensiblement diminué.

  • Dans la mesure où l’avantage démographique dont bénéficie actuellement le Brésil est voué à disparaître peu à peu, la croissance future devra reposer de plus en plus sur des gains de productivité, qui ont moins contribué jusqu’ici à l’expansion économique que dans d’autres régions du monde. L’amélioration de la productivité est par ailleurs inégale suivant les entreprises et, contrairement à la situation observée dans plusieurs économies d’Asie, la souplesse nécessaire pour redéployer les ressources vers les entreprises les plus productives au sein des différents secteurs est limitée. Des réformes structurelles pourraient rehausser la productivité et la compétitivité dans plusieurs domaines. Une réduction des goulets d’étranglement dans les infrastructures pourrait faire baisser le coût des transports et améliorer la productivité. Une charge fiscale élevée, à laquelle s’ajoutent la lourdeur et la fragmentation du système d’imposition et des formalités administratives excessives, désavantage les producteurs brésiliens. Les tensions sur le marché du travail, la pénurie persistante de qualifications et l’effet positif exercé sur la consommation par les mesures de relance se sont traduits par de fortes hausses des salaires. Les financements à longue échéance pour la réalisation d’investissementsrestent rares, en raison à la fois d’une participation insuffisante du secteur privé et d’un manque de concurrence sur les marchés du crédit à long terme, imputables aux distorsions introduites sur ces marchés par la position dominante de la Banque nationale de développement. L’exposition des entreprises à la concurrence étrangère est restée plus faible que dans nombre d’autres économies émergentes, ce qui a limité les incitations aux gains d’efficacité et alourdi les coûts de production en aval.

  • Le Brésil a accompli des progrès remarquables en matière de réduction de la pauvreté et des inégalités. Cela tient au dynamisme de la croissance mais aussi à l’efficacité des politiques sociales. En dehors de la croissance, ce sont les services publics et les transferts monétaires qui ont été les facteurs les plus importants, notamment les seconds dans le cadre du programme « Bolsa Familia », qui a été couronné de succès. S’agissant des services publics, l’amélioration de l’accès à l’éducation a joué un rôle majeur, en permettant à davantage de Brésiliens d’obtenir des emplois mieux payés. Néanmoins, les problèmes de pénurie d’infrastructures scolaires limitent le nombre d’heures d’enseignement dont bénéficient les élèves. Il faut abaisser les taux élevés d’abandon des études par le biais d’interventions précoces consistant par exemple à développer l’éducation préscolaire, ainsi qu’en réduisant les taux de redoublement et en apportant un soutien plus individualisé aux élèves en difficulté. On pourrait également rehausser la qualité de l’enseignement en développant la formation en cours d’emploi des enseignants et en renforçant les mesures d’incitation qui récompensent leurs bons résultats. Le bilan desservices publics est mitigé dans les domaines de la santé et des transports. Les services de santé sont largement accessibles mais ils pâtissent d’un financement insuffisant, et le nombre de places offertes pour la formation du personnel médical doit être accru. Le système public de transports urbains souffre d’un manque d’investissements, alors qu’il est urgent de consacrer des ressources à la modernisation des capacités. S’agissant des transferts monétaires, la réussite de « Bolsa Familia » et des nouveaux dispositifs mis en place dans le cadre du programme « Brasil sem Miseria » est remarquable, mais les prestations de retraite représentent toujours une proportion excessive des transferts sociaux. En accordant une plus grande importance au programme « Brasil sem Miseria » en général et à « Bolsa Familia » en particulier, tout en limitant la croissance réelle des dépenses de retraite à l’avenir, les autorités renforceraient l’efficacité des dépenses sociales au service de la réduction de la pauvreté et des inégalités.