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  • Le monde change à vive allure. La montée en puissance du numérique, la mondialisation et l’évolution démographique ont une incidence majeure sur nos vies, sur nos cultures, sur nos sociétés. Ces mégatendances et d’autres transforment constamment (et rapidement) la manière dont nous interagissons avec nos proches et nos familles, les modalités de fonctionnement des entreprises, les biens et les services que nous consommons, ce à quoi nous rêvons. Notre éducation et notre santé, la répartition des revenus et des richesses, les emplois que nous occupons et la façon dont nous travaillons sont tous particulièrement sensibles à ces changements. Nous vivons une époque de transformations. La rupture est la nouvelle norme.

  • Les temps changent. Les effets conjugués de différentes mégatendances exercent des pressions sur les marchés du travail. Si les progrès technologiques et l’intégration plus poussée de nos économies dans les chaînes de valeur mondiales profitent à de nombreux travailleurs dotés des compétences requises et exerçant des professions en plein essor, ils font du tort aux travailleurs peu qualifiés ou dont les compétences sont obsolètes, dans des domaines d’emploi en déclin. Les modèles économiques fondés sur le numérique ont souvent recours à des travailleurs indépendants plutôt qu’à des salariés traditionnels.Les individus vivent et travaillent plus longtemps mais ils sont aussi appelés à changer plus fréquemment d’emploi et confrontés au risque d’obsolescence de leurs compétences. Dans de nombreux pays, les inégalités se creusent en matière de revenus d’activité et de qualité des emplois. La crise financière mondiale de 2008-09 a détruit de nombreux emplois et laissé de graves séquelles qui ne se sont pas encore totalement estompées dix ans après. Si l’on se tourne vers l’avenir, le ralentissement attendu de l’économie mondiale au cours des deux prochaines années assombrit les perspectives d’emploi à court terme. En outre, des mutations structurelles rapides et profondes se profilent à l’horizon, qui seront synonymes de nouvelles opportunités mais aussi d’incertitudes accrues pour ceux qui n’auront pas les moyens de les saisir. Le rythme et l’ampleur de la transformation numérique seront probablement sans précédents. Les commandes de robots industriels ont été multipliées par trois en un peu plus de dix ans, et devraient encore doubler d’ici à 2020, tandis que le montant du capital-investissement dans l’intelligence artificielle a doublé en un an. Offrir à ceux qui risquent d'être laissés de côté de meilleures perspectives d’emploi doit être l’objectif premier des actions menées par les pouvoirs publics pour bâtir une économie et une société plus inclusives, plus justes et plus durables.

  • Le monde du travail change sous l’effet des progrès technologiques, de la mondialisation et du vieillissement démographique. Par ailleurs, les nouveaux modes d'organisation des entreprises et l'évolution des préférences des travailleurs contribuent à faire émerger de nouvelles formes de travail. En dépit de l'inquiétude généralisée que suscitent les destructions d'emplois potentielles induites par la technologie et la mondialisation, une contraction brutale de l'emploi global semble peu probable. À mesure que certains emplois et certaines tâches disparaissent, d’autres voient le jour, avec à la clé une hausse de l’emploi. Face à ces transformations, l'une des principales difficultés consiste à faciliter la transition des travailleurs des secteurs d'activité et des régions en déclin vers les nouveaux débouchés professionnels qui s'offrent à eux. Des inquiétudes s’expriment également quant à la qualité des emplois. La flexibilité qu’offre la diversité des contrats de travail à nombre d’entreprises et de travailleurs est certes la bienvenue, mais d’importants obstacles doivent encore être surmontés pour assurer la qualité des emplois atypiques. Par ailleurs, les inégalités pourraient continuer de se creuser sur le marché du travail faute d’une action résolue des pouvoirs publics afin d’assurer un partage plus équitable des coûts associés aux ajustements structurels qui s’imposent dans le monde du travail. En dépit des risques qu’ils représentent, ces changements sont aussi porteurs de nombreuses opportunités, et l’avenir du travail n’est pas gravé dans le marbre. À condition de mettre en place les politiques et les institutions adéquates, le monde du travail de demain pourra être synonyme d’emplois plus nombreux et de meilleure qualité pour tous.

  • S’il est synonyme de nombreuses opportunités, l’avenir du travail suscite aussi beaucoup d’inquiétude. Il est peu probable que les scénarios catastrophe deviennent réalité, mais des risques existent bel et bien. Beaucoup craignent que l’avenir du travail ne s’apparente à une dystopie où se côtoieraient chômage technologique de masse, précarité de l’emploi, pouvoir de négociation limité voire inexistant des travailleurs, et graves pénuries de compétences sous l’effet d’un vieillissement démographique rapide. Mais l’avenir du travail dépendra en grande partie des choix de politiques publiques opérés par les pays. Avec des politiques et des institutions adaptées, il est possible non seulement de saisir les opportunités créées par le numérique, la mondialisation et l’allongement de l’espérance de vie, mais aussi d’atténuer les risques qui en découlent.

  • Le présent chapitre examine les principales mégatendances qui sont en train de transformer le marché du travail, et analyse leurs conséquences en termes de volume d’emplois, de qualité des emplois et d'inclusivité, les trois dimensions essentielles de la Stratégie de l’OCDE pour l’emploi. En dépit de l'inquiétude grandissante suscitée par les destructions d'emplois que pourraient amener la technologie et la mondialisation, une contraction brutale de l'emploi global semble peu probable. La qualité de certains emplois nouveaux est néanmoins source de préoccupations croissantes. Les disparités entre les travailleurs pourraient s’accentuer si des pans entiers de la population active se trouvent exclus des débouchés que crée l'économie. Le défi le plus important, pour les décideurs, consiste donc à éviter ce creusement des disparités. S’ils échouent, l’avenir du travail sera placé sous le signe d’une aggravation des clivages sociaux et d’un mécontentement croissant, qui pourraient avoir des retombées négatives sur la productivité, la croissance, le bien-être, et la cohésion sociale.

  • Si les effets conjugués complexes de la mondialisation, des progrès technologiques et de l’évolution démographique ouvrent de nouvelles perspectives pour de nombreux travailleurs des pays de l'OCDE, ils sont aussi synonymes de difficultés. Ce chapitre présente de nouvelles données sur trois thèmes qui occupent une place de premier plan dans le débat sur l’avenir du travail : la stabilité de l’emploi, le sous-emploi et l’évolution de la part des emplois bien rémunérés. L’analyse met en évidence, dans plusieurs pays, une détérioration de la situation des personnes non diplômées de l’enseignement supérieur et des jeunes sur le marché du travail. En fait, ce sont les jeunes travailleurs non diplômés du supérieur qui ont subi la dégradation la plus marquée de leur situation dans un grand nombre de pays. Le défi à relever est donc double : il s’agit d’une part d’offrir de meilleurs débouchés aux jeunes qui quittent le système éducatif et entrent sur le marché du travail, et d’autre part d’améliorer les perspectives d’emploi de la cohorte de jeunes confrontés à des conditions très difficiles sur le marché du travail depuis une dizaine d’années.

  • Le présent chapitre traite du rôle de la réglementation du marché du travail pour garantir une protection adéquate aux travailleurs dans un monde du travail en mutation. Il met notamment l’accent sur le statut d’emploi – un aspect décisif étant donné qu’il détermine l’accès des travailleurs à certains droits et protections. Les mesures assurant une classification correcte des travailleurs sont donc une première étape essentielle pour garantir l’accès à la protection sociale et à celles assurées par le droit du travail, ainsi qu’à la négociation collective et à la formation continue. Toutefois, le statut d’emploi de certains travailleurs situés dans la « zone grise » entre salariat et travail indépendant souffre d’une réelle ambiguïté. Bien que ce chapitre préconise de réduire autant que possible cette zone grise, il examine le bien-fondé de l’extension de certains droits et protections à ces travailleurs, et les mesures envisageables à cette fin. Enfin, il traite du rôle de la réglementation pour lutter contre l’abus du pouvoir de monopsone et remédier aux déséquilibres entre employeurs et travailleurs en termes de pouvoir de négociation.

  • Ce chapitre a pour objet de déterminer l’influence des relations professionnelles sur l’avenir du travail. Dans un premier temps, il analyse en quoi le dialogue social, et la négociation collective en particulier, peuvent constituer un outil flexible et complémentaire à la réglementation du marché du travail en vue d’assurer un avenir plus productif et plus inclusif dans ce domaine. Il examine ensuite les types d’interventions publiques éventuellement nécessaires pour que les systèmes de négociation demeurent pertinents, et pour tirer pleinement parti de la négociation collective dans un monde du travail en mutation. Enfin, il passe en revue les moyens mis en œuvre par les institutions et les partenaires sociaux pour s’adapter aux nouveaux enjeux du marché du travail, ainsi que le rôle des nouveaux acteurs et les nouvelles pratiques.

  • Ce chapitre examine l’importance fondamentale de la formation des adultes pour aider tous les individus à s’adapter avec succès à l’évolution du marché du travail. Il explique dans les grandes lignes comment certaines mégatendances transforment le contenu des emplois et les compétences requises, et met en évidence des catégories d’adultes qui pourraient avoir du mal à faire face à cette nouvelle donne à moins de participer à des programmes de formation leur permettant d’améliorer leurs compétences ou de se requalifier. Il met également en lumière les travailleurs qui occupent des formes d’emploi atypiques, qui font face à un certain nombre de difficultés pour accéder aux possibilités de formation. Pour chacune de ces groupes de travailleurs, le chapitre examine les moyens d’action qui pourraient contribuer à renforcer la participation aux activités de formation en fonction des obstacles spécifiques rencontrés, qu’ils aient trait à la qualité médiocre des formations disponibles, ou bien au manque de motivation, de temps, de ressources ou de soutien de la part de l’employeur.

  • Ce chapitre évalue les défis que devront relever les politiques de protection sociale dans le monde du travail de demain et montre, données à l’appui, que les politiques publiques comportent des carences en matière de protection sociale, qui touchent différents types de travailleurs. Les principaux défis pour l’action publique sont les suivants : une augmentation des besoins de protection sociale due à une plus grande précarité de l’emploi ou au déclin des revenus d’activité dans certains groupes ; une diminution de l’accessibilité ou de la pertinence des mesures de protection sociale créées à l’origine autour de formes d’emploi salarié stables ; et des défis en termes de pérennité, dus notamment à la possibilité pour les individus de ne plus participer aux mécanismes de mutualisation des risques. Pour les travailleurs qui occupent des formes d’emploi plus précaires, il peut être particulièrement difficile d’accéder à une protection sociale adéquate. Cependant, les différences dans l’accès à l’aide sont réduites dans certains pays ayant pourtant des systèmes protection sociale assez différents, ce qui suggère qu’il est possible d’offrir une protection sociale accessible en combinant de différentes manières assurance sociale et aide sociale sous conditions de ressources. Ce chapitre examine différentes pistes de réforme et se penche sur les approches adoptées par les pays pour préparer leurs dispositifs d’aide au revenu et de réinsertion au monde du travail de demain.