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Cette étude intervient à un moment clé pour le Maroc. Le pays a introduit, en 2015, une vision ambitieuse pour son système d’éducation, la « Vision Stratégique 2030 de l’éducation », et en 2016, des projets importants pour sa mise en œuvre. L’objectif de la Vision 2030 est de consolider les acquis des décennies passées en termes d’accès à l’éducation et d’assurer un apprentissage de qualité pour les élèves marocains quels que soient leurs milieux socio-économiques. La Vision accorde également une place centrale à la mise en place d’un cadre d’évaluation cohérent capable d’informer les acteurs éducatifs et d’assurer leur responsabilisation pour atteindre les objectifs fixés. C’est dans ce contexte que la présente étude vise à fournir aux Maroc les outils nécessaires pour la mise en œuvre de ce cadre d’évaluation.
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Le Maroc a réussi, lors des deux décennies écoulées, à relever le défi de la généralisation de l’accès à l’enseignement primaire. La scolarisation dans l’enseignement secondaire du premier et deuxième cycle a connu une forte croissance pendant la même période. Cependant des difficultés persistent en ce qui concerne la qualité des apprentissages qui demeurent relativement faibles par rapport aux pays de la région Afrique du Nord et Moyen-Orient. Les lacunes d’apprentissages commencent dès les premières années du primaire et s’accumulent au fil des années, menant à des taux de décrochage scolaire élevés (redoublement et abandon). Le plan stratégique sectoriel du Maroc à l’horizon 2030: a « Vision 2030 pour l’éducation » (Vision 2030), vise à améliorer la qualité de l’enseignement et créer une « nouvelle école marocain » qui promeut l’apprentissage et qui offre des opportunités de vie meilleure à tous les élèves.
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Au cours des vingt dernières années, des réformes économiques et sociales majeures menées au Maroc ont favorisé une croissance économique relativement soutenue et l'éradication de l'extrême pauvreté. Les inégalités demeurent néanmoins très prononcées. Elles sont particulièrement évidentes lorsque l'on compare les zones urbaines à forte croissance situées le long de la façade atlantique et les zones rurales plus reculées où 10 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et près de la moitié est illettrée (contre respectivement 2 % et le cinquième de la population dans les zones urbaines). Un développement plus inclusif est essentiel si le Maroc veut atteindre ses objectifs de devenir une économie émergente et d’améliorer le bien-être de l'ensemble de ses citoyens (OCDE, 2017). À cet effet, il est nécéssaire de veiller à ce que tous les élèves bénéficient d'un enseignement de qualité et acquièrent les compétences de base.
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Le Maroc a réussi, grâce aux réformes des deux décennies écoulées, à généraliser l’accès à l’éducation primaire et améliorer la participation au premier cycle de l’enseignement secondaire. Cependant le pays continue à enregistrer des taux d’abandon scolaires élevés dès la fin du primaire, en particulier dans les zones rurales, et cela malgré un investissement financier conséquent dans le système éducatif. Cette situation s’explique, entre autres, par les niveaux faibles d’apprentissage et les pratiques nocives de redoublement dès les premières années de scolarisation. Le Maroc désire faire face à ces défis à travers sa vision stratégique de la réforme 2015-2030 qui prône la mise en place d’une « école de l’équité et de la qualité ». Pour concrétiser cette ambition, le Maroc doit développer un cadre d’évaluation centré autour de l’amélioration des apprentissages des élèves et la mise en place d’un système éducatif inclusif.
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Ce chapitre examine comment le système d’évaluation des élèves au Maroc recueille et utilise l’information relative à leur apprentissage. Au Maroc, l’évaluation des élèves est principalement sommative et s’appuie sur des tests papier-crayon centrés sur l’aptitude des élèves à se rappeler l’information et à la reproduire, plutôt que sur des compétences d’ordre supérieur préconisées dans le curriculum national, telles que l’esprit critique et la résolution de problèmes. Pour que l’évaluation apporte un meilleur appui à l’apprentissage des élèves, elle doit se recentrer sur une utilisation plus formative des résultats et s’intéresser à l’acquisition des savoirs, savoir-faire et aptitudes. Pour parvenir à ce changement, il sera essentiel d’apporter aux enseignants un soutien accru, en leur fournissant plus d’outils d’évaluation et une préparation initiale meilleure et plus conséquente, ainsi que la possibilité de se développer de manière continue dans le domaine de l’évaluation des élèves.
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L'évaluation des enseignants fait référence à la façon dont les enseignants sont évalués et obtiennent un retour d’information sur leurs compétences pédagogiques. Ce chapitre met en évidence les manques qui existent en matière d'évaluation des enseignants au Maroc, en particulier le manque d'importance accordé aux dimensions de l'enseignement qui importent le plus pour l'apprentissage des élèves. Il fournit des recommandations quant à la manière d'aborder ces problèmes, en élaborant des normes pour les enseignants afin de guider le processus d'évaluation, d'établir une évaluation plus orientée à des fins de développement professionnel au niveau de l’école en redessinant le système d'évaluation externe utilisé à des fins de progression de carrière. Ce chapitre souligne également la façon dont les processus de sélection et de certification des nouveaux enseignants peuvent être rendus plus rigoureux afin de garantir que les nouveaux enseignants acquièrent les attitudes et les compétences qui sont importantes pour l'enseignement.
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Ce chapitre examine les pratiques naissantes d’évaluation des établissements scolaires au Maroc. Au cours des cinq dernières années, le pays a mis en place des activités d’auto-évaluation dans le cadre du nouveau processus de planification scolaire (Projet d’Établissement) ainsi que des audits externes des établissements. Le manque de capacité tant d’auto-évaluation que d’évaluation externe à tous les niveaux du système éducatif et des lacunes majeures dans le cadre d’évaluation des établissements scolaires limitent toutefois l’aptitude des écoles à utiliser l’information des évaluations pour améliorer les pratiques d’apprentissage et d’enseignement. Pour transformer les pratiques d’évaluation des établissements scolaires en outils probants pour l’amélioration de la qualité de l’apprentissage, le Maroc devra investir dans la capacité de l’équipe d’évaluation des établissements scolaires et d’évaluation externe à apprécier les pratiques d’enseignement et d’apprentissage. Il faudra également veiller à ce que les établissements reçoivent un soutien externe adéquat pour l’utilisation des résultats de l’évaluation afin d’éclairer leur planification et d’améliorer les apprentissages et l’équité
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Ce chapitre s’intéresse aux pratiques d’évaluation du système d’éducation et leur utilisation à des fins d’information des politiques publiques et de responsabilisation des acteurs éducatifs. Si le Maroc dispose des principaux outils d’évaluation tels que les indicateurs administratifs, une évaluation nationale des apprentissages et des évaluations thématiques, des manques importants persistent. L’absence d’objectifs chiffrés sur le moyen terme et d’un cadre de référence pour l’évaluation du système, rendent difficile l’emploi des évaluations pour guider et orienter les réformes du système éducation. Le Maroc devrait également s’assurer que l’évaluation des apprentissages des élèves fait partie intégrante du dispositif d’évaluation du système éducatif et informe les réformes. Ce développement de l’évaluation requière un investissement conséquent dans les capacités d’analyse et d’évaluation au niveau central et régional.
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