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  • Dans bien des pays membres de l’OCDE, chômage, problèmes de santé, mauvaises conditions de logement, délinquance et exclusion sociale se concentrent dans les collectivités locales défavorisées. Des milliers de programmes ont été expérimentés dans l’espoir de réduire le chômage et d’élever les niveaux de vie de ces quartiers. Les pouvoirs publics se sont attaqués à différents aspects du problème par des dispositifs divers. Certains facilitent l’implantation d’investissements du secteur privé dans les zones défavorisées. D’autres visent à améliorer les compétences de la main-d’œuvre ou aident à la recherche d’emploi. D’autres programmes encore privilégient la construction immobilière en tant que stratégie de régénération...

  • A travers les 29 pays passés en revue dans le Global Entrepreneurship Monitor de 2001 – dont 22 des 30 pays membres de l’OCDE – en moyenne près de 10 % de la population adulte étaient en train de créer une entreprise nouvelle ou en possédaient une en activité. A l’échelon macroéconomique, il est de plus en plus évident que l’esprit d’entreprise est l’une des clés du dynamisme économique et de la création d’emplois (Reynolds et al., 2001). La création d’entreprises nouvelles contribue à accroître l’efficience de l’utilisation des ressources en renforçant la concurrence sur le maché des produits (avec les avantages qui peuvent en découler pour les consommateurs). Phénomène tout aussi important, elle accélère la production, la diffusion et l’application d’innovations en matière de technologie et d’organisation. Ce processus d’innovation est essentiel à une croissance durable : la création d’entreprises est en fait un moteur essentiel du changement structurel...

  • La création d’entreprises dans les zones défavorisées se heurte à l’obstacle d’une série de facteurs indépendants qui touchent à la fois l’importance et le type d’activité entreprenariale. Ils influent aussi sur la probabilité de réussite de cette activité. De fait, un certain nombre d’études montrent que dans les zones défavorisées les nouvelles entreprises tendent à connaître des taux d’échec légèrement plus élevés qu’ailleurs. Mais la plupart des obstacles à la création d’entreprises ne sont pas l’apanage des zones défavorisées. Ce qui se passe, c’est qu’ils sont souvent plus omniprésents et plus difficiles à surmonter dans les localités pauvres. On trouvera dans le présent chapitre une description des principaux obstacles à la création d’entreprises que l’on observe dans les zones défavorisées...

  • Le travail indépendant et l’entreprenariat ne sont pas des catégories totalement interchangeables. Certains travailleurs indépendants exercent une activité qui présente beaucoup de caractéristiques d’une activité entreprenariale. Ils établissent un plan d’entreprise, acquièrent des compétences et exercent des fonctions de dirigeants d’entreprises, réalisent des investissements financiers importants, cherchent à être autonomes dans leurs décisions et emploient d’autres personnes (dans les décennies 80 et 90, dans les pays membres de l’OCDE, un tiers environ des travailleurs indépendants étaient eux-mêmes employeurs, avec toutefois de sensibles variations selon le pays). Dans la grande majorité cependant, leurs conditions de travail diffèrent peu des salariés, si ce n’est que dans la plupart des pays le statut de travailleurs indépendants ne leur ouvre pas droit à autant d’avantages sociaux, et qu’ils ne bénéficient pas d’une assurance-chômage. Dans certains cas, d’ailleurs, les employeurs obligent leurs salariés à accepter un statut de travailleur indépendant afin d’échapper aux charges salariales. Ce serait donc une erreur que d’assimiler tout travail indépendant à l’entreprenariat. Cela dit, favoriser l’accès au travail indépendant a souvent fait partie d’une politique plus large d’encouragement à l’entreprenariat. C’est pourquoi on examinera dans ce chapitre le rôle de l’emploi indépendant dans les économies nationales et locales, ainsi que le champ couvert par les politiques d’encouragement à cette forme de travail, et leur efficacité...

  • La création d’entreprises et leur développement sont évidemment un élément essentiel du développement économique local, dans la mesure où cela peut créer des emplois et élever les revenus, augmenter les recettes fiscales, élargir l’éventail des services disponibles, et constituer des exemples positifs. Il importe toutefois de tenir compte de diverses limitations potentielles des stratégies en faveur de l’entreprenariat...

  • Le présent chapitre examine les bases économiques des politiques visant à encourager le travail indépendant et l’entreprenariat dans les économies locales. La logique qui préside à l’action des pouvoirs publics est souvent implicite au lieu d’être définie clairement. Il faut se poser deux questions, qui sont d’ailleurs liées : i) qu’est-ce qui justifie, en soi, une politique de l’entreprenariat ? et ii) y a-t-il des raisons de la concevoir, de l’appliquer ou de la cibler à l’échelon local ?...

  • La plupart des pays ont mis en place des dispositifs spécifiques pour aider certaines catégories d’entreprises et de groupes de population : les femmes, les minorités ethniques, les jeunes et les entreprises sociales. Dans plusieurs de ces groupes cibles, l’activité entreprenariale a beaucoup augmenté ces dernières années, souvent en étroite liaison avec les collectivités locales. Ce chapitre résume brièvement ce que l’on sait de l’entreprenariat dans ces populations cibles. Il examine ensuite comment il faudrait que les collectivités locales conçoivent et appliquent les programmes qui leur sont spécifiquement destinés...

  • Les autorités locales et les bureaux des autorités nationales assumant des responsabilités au niveau local peuvent prendre de nombreuses dispositions pour encourager l’entreprenariat. L’éventail des mesures disponibles  comprend celles visant à : accroître le flux d’informations et de conseils aux fins de la mise en route, du financement et de la gestion des entreprises ; faire mieux percevoir l’importance de l’activité d’entrepreneur ; faciliter l’accès aux locaux ; améliorer les compétences ; modifier les incitations pour l’offre privée de services clés de création d’entreprises ; et inciter les entreprises à collaborer fructueusement entre elles (en constituant, par exemple, des organismes mutuels de garantie des crédits et des réseaux d’entreprises). D’ailleurs, plusieurs pays, dont l’Italie, ont un long passé d’élaboration de la politique au niveau sub-national, par exemple via des consortiums régionaux de crédit tels que Ervet en Émilie-Romagne (Belussi, 1998)...

  • Dans maints pays, une multitude de programmes d’aide aux entreprises ont été mis en place au fil du temps. Par exemple, une enquête réalisée en 1992 dans l’État américain du Wisconsin a révélé que plus de 400 programmes d’aide aux entreprises publiques offrent 700 services, mais avec une connaissance limitée des programmes parmi les entrepreneurs (Reynolds et White, 1997). Souvent, un ensemble de programmes et d’institutions vise à atteindre des objectifs variés et changeants qu’il n’est pas nécessaire d’articuler entre eux. Des objectifs différents sont fréquemment poursuivis simultanément, sans orientation stratégique bien définie. Comme exposé dans les premiers chapitres du présent ouvrage, les programmes visant à stimuler l’esprit d’entreprise ont été justifiés par des raisons diverses allant de la réduction du chômage au renforcement de la compétitivité en passant par la promotion de la culture d’entreprise et le développement des localités défavorisées. Cette prolifération des objectifs est dans une certaine mesure inévitable compte tenu de la diversité des causes et des conséquences sociales et économiques de l’activité d’entrepreneur. Néanmoins, clarifier les objectifs d’action et stratégiques peut contribuer à éclairer les décisions relatives à la façon dont l’aide aux entreprises doit être conçue, ciblée et évaluée. Par exemple, lorsque l’objectif stratégique consiste à régénérer une zone, il n’est peut-être pas nécessaire de mettre les services autant à la disposition des uns que des autres. Comme en outre encourager l’esprit d’entreprise n’aura probablement pas à court terme d’effet positif important sur l’emploi, les stratégies en faveur de l’entreprenariat devraient être des constantes du développement et non des réponses aux évolutions à court terme des marchés du travail. Expliciter les stratégies contribuera par ailleurs à évaluer leur faisabilité avant leur mise en œuvre...

  • Dans un même pays – et du fait qu’un logement peut être un important moyen de garantir un financement professionnel – des personnes ayant des projets similaires en termes de faisabilité peuvent voir peser sur la création et le développement de l’entreprise des contraintes différentes parce que les prix de l’immobilier résidentiel échappent à leur contrôle. Pour contribuer à contrer cet effet, Robson (1998) a proposé que les conditions des programmes publics de garantie des prêts puissent varier dans une certaine mesure d’une région à l’autre. Ces variations reflèteraient les différences régionales de valeur réelle du parc de logements. A cet égard, Cowling (1998) a montré qu’il existe au Royaume-Uni des disparités régionales significatives de couverture des petites entreprises par le Programme de garantie des prêts aux petites entreprises (Small Firm Loan Guarantee Scheme). Ce programme est le plus utilisé dans les régions où les marchés financiers sont plus développés. Les programmes de garantie pourraient être conçus de manière à différer selon les régions en termes de prime et de pourcentage garanti pour chaque prêt. En effet, Cowling a observé que les entreprises et les banques sont très sensibles à l’évolution de ces paramètres. Les modalités d’élaboration et de fonctionnement des programmes de garantie des crédits sont exposées dans l’encadré 9.1....

  • Dans maints pays, un grand nombre de programmes d’aide aux entreprises ont été développés au fil du temps. Par exemple, au Royaume-Uni, Conaty et Fisher (1999) ont observé qu’il y avait « 200 initiatives de l’État en faveur des entreprises, soutenues par cinq départements, pour un coût total en 1995/96 de 632 millions de livres ». Souvent, l’ensemble des mesures de soutien se caractérise par le chevauchement et la parcellisation des programmes, l’interruption du financement, la concurrence entre les agents prestataires, les doublons entre programmes, et la confusion semée chez les bénéficiaires visés. L’évaluation des programmes est d’autant moins facile et significative que la parcellisation de l’architecture générale de l’aide publique peut aboutir à des procédures de compte rendu et de suivi non normalisées (ce qui accroît en plus le travail de compte rendu des prestataires de services). Une mesure rentable et préférable à la création de nouvelles structures consisterait à faire connaître davantage les programmes existants. Avant d’établir de nouvelles structures, les décideurs devraient penser à incorporer de nouveaux objectifs dans les institutions existantes...

  • Les chapitres précédents ont souligné le manque d’évaluations (de haute qualité) des programmes et la rareté des études empiriques de l’impact de l’activité d’entrepreneur sur l’économie locale. Il serait utile aux fins de l’action publique de poursuivre la recherche dans les domaines suivants:Études des impacts dans le temps au niveau local de l’activité d’entrepreneur; Études de types particuliers de programmes...