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  • Les jeunes hommes et femmes de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) sont confrontés au taux de chômage des jeunes le plus élevé au monde et ils témoignent d’un moindre degré de confiance dans le gouvernement que leurs parents. Comme la part des jeunes (les personnes âgées de 15 à 29 ans) dans la population active dépasse 30 % dans la plupart des pays de la région, ceux-ci doivent de toute urgence élaborer et mettre en oeuvre des stratégies visant à impliquer pleinement la jeunesse dans la vie économique, sociale et politique. Pour l’instant, les jeunes n’ont eu que peu de possibilités de peser sur les prises de décisions politiques et la plupart ne bénéficient pas d’un accès adéquat à un emploi décent, une éducation de qualité et des soins de santé financièrement accessibles.

  • Cinq ans après le « Printemps arabe », les jeunes hommes et femmes de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) se heurtent toujours à des obstacles importants pour devenir les forces motrices du développement économique et social de leurs pays respectifs. Aucune autre région au monde n’affiche un taux de chômage des jeunes aussi élevé. Tandis qu’environ 15 % des jeunes âgés de 15 à 29 ans dans l’ensemble des pays de l’OCDE sont déscolarisés, sans emploi et ne suivent aucune formation (NEET), le taux d’inactivité des jeunes Palestiniens de 15-24 ans atteint 25 % et frôle les 41 % dans le cas des jeunes femmes d’Égypte.

  • Malgré leur omniprésence pendant les soulèvements civils du début des années 2010, les jeunes des pays et territoires MENA sont maintenus dans un statut d’observateurs. Cinq ans après avoir investi les rues pour réclamer plus de gouvernance démocratique et de débouchés économiques, les jeunes hommes et femmes continuent de n’avoir que des perspectives limitées pour influencer l’orientation des politiques. Sans compter que, pour beaucoup, l’accès à un emploi décent, une éducation de qualité et des soins de santé accessibles sont encore restreints. Avec la dégradation importante de la sécurité dans certains pays, c’est toute une génération de jeunes hommes et femmes qui est menacée d’exclusion économique et sociale.

  • Ce chapitre propose un bref aperçu des conditions dans lesquelles les jeunes de la région MENA préparent leur avenir. Il met en évidence le mécontentement de cette population, qui n’a jamais été aussi nombreuse, face aux services publics et aux politiques, qui ne correspondent pas suffisamment à leurs attentes. Dans l’état actuel des choses, une gouvernance qui exclut certains groupes constitue un frein majeur qui, si rien n’est fait pour y remédier, risque de ralentir le passage des jeunes vers l’âge adulte et les responsabilités civiques. Avec un taux de chômage dépassant les 30 % dans la plupart des pays et une part encore plus grande de jeunes hommes et femmes découragés, car déscolarisés, sans emploi et ne suivant aucune formation (NEET), les pays et territoires MENA se privent d’une des principales sources de leur développement économique et social futur. La faible implication dans les mécanismes de participation traditionnels souligne que les jeunes n’ont plus confiance en la capacité de ces dispositifs à changer les choses.

  • Enjeu transversal de l’action publique, la politique de la région MENA en faveur de la jeunesse est pénalisée par l’absence d’une approche stratégique et coordonnée. Faute de cadre intégré définissant les raisons, les modalités et les finalités d’une telle politique, les interventions des gouvernements relèvent pour l’essentiel du symbole. Ce manque de coordination et de prise en compte de l’impact escompté explique que les jeunes de la région expriment une défiance nettement plus marquée envers leur gouvernement que les plus de 50 ans. Face à ce double défi – l’exclusion des jeunes du cycle des politiques publiques et l’absence de prise en compte de leurs préoccupations – ce chapitre plaide pour l’application d’un filtre intégrant les points de vue de la jeunesse aux outils du gouvernement ouvert comme aux formes traditionnelles d’élaboration des politiques publiques, afin d’impliquer les jeunes hommes et femmes dans les processus de gouvernance souvent soumis au bon vouloir des décideurs.

  • Les outils du gouvernement ouvert font partie de ces voies encore peu exploitées pour améliorer les conditions dans lesquelles la jeunesse peut faire entendre sa voix et participer à la vie de la cité. Ce chapitre présente des pistes permettant, à travers l’application d’un « filtre jeunesse » aux outils du gouvernement ouvert, de capitaliser sur le désir des jeunes hommes et femmes d’exercer une véritable influence sur le processus décisionnel. Il analyse la manière dont l’accès à l’information, la création d’institutions formelles pour la participation et les nouvelles technologies peuvent démanteler les barrières qui empêchent les jeunes de s’engager aux côtés de leurs gouvernements.

  • Ce chapitre attire l’attention sur le rôle décisif que joue la gouvernance publique pour définir les conditions dans lesquelles les jeunes hommes et femmes peuvent faire entendre leur voix et participer à l’élaboration des politiques. Prenant acte de l’insuffisante prise en compte des questions relatives à la jeunesse dans les politiques et stratégies publiques des pays et territoires MENA, comme dans les services apportés à la population, ce chapitre esquisse des pistes pouvant permettre aux gouvernements de tenir compte de ces questions.