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La mauvaise santé mentale est une problématique clé pour les politiques du marché du travail et les politiques sociales dans les pays de l’OCDE ; c’est aussi une question qui a trop longtemps été négligée en raison de la stigmatisation et des préjugés largement répandus. La mauvaise santé mentale fait pourtant payer un lourd tribut aux personnes concernées, aux entreprises et à l’économie de manière générale. Cette situation commence toutefois à évoluer. Les gouvernements des pays de l’OCDE ont de plus en plus conscience que les politiques publiques ont un rôle majeur à jouer : elles peuvent contribuer à améliorer les résultats sur le plan de l’éducation et les opportunités en termes d’emploi des personnes souffrant de problèmes de santé mentale ; contribuer à soutenir les personnes qui ont un emploi mais qui éprouvent des difficultés dans leur travail ; et aider à prévenir les maladies de longue durée, le chômage et l’incapacité.
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Les troubles mentaux ont un prix élevé pour les individus, les employeurs et l’économie. En plus du désarroi dont elles souffrent à titre individuel, les personnes atteintes de troubles mentaux souffrent également d’un point de vue économique, du fait de taux d’emploi plus faibles, de taux de chômage plus élevés et d’un risque accru de pauvreté. Les employeurs doivent faire face à d’importantes pertes de productivité au travail et à des taux d’absence pour maladie élevés. Et pour l’économie dans son ensemble, les coûts prennent la forme de dépenses sociales et de santé élevées.
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La santé mentale influence fortement les résultats sur le marché du travail et a donc un impact sur la croissance économique et sur les perspectives de développement futur. Dans les pays de l’OCDE, entre un tiers et la moitié des incapacités et des maladies de longue durée des personnes d’âge actif sont imputables à des problèmes de santé mentale. Ces problèmes sont à l’origine de maladies physiques chroniques, ou les aggravent, et alourdissent ainsi les dépenses de santé. Par ailleurs, ils font baisser les résultats scolaires – en partie parce que ceux qui sont malades quittent l’école prématurément – fermant ainsi les perspectives sur le plan de l’emploi. Par rapport aux personnes en bonne santé mentale, celles souffrant d’une mauvaise santé mentale présentent en moyenne un taux d’emploi inférieur de 15 à 30 points de pourcentage, et un taux de chômage deux fois supérieur. Elles sont également deux fois plus susceptibles de vivre dans des ménages pauvres. Professionnellement, les employés souffrant d’une mauvaise santé mentale sont souvent moins performants, leur faible productivité étant probablement l’aspect le plus coûteux, et ce coût est dans une large mesure supporté par les employeurs.
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La santé mentale a un coût élevé pour les personnes concernées, les employeurs, le marché du travail, le système de protection sociale et l’économie en général. Cela s’explique par la forte prévalence des problèmes de santé mentale, leur caractère précoce qui perturbe le parcours scolaire et la transition de l’école au travail, l’insuffisance de traitements, les besoins non satisfaits de soins, ainsi que par une stigmatisation importante associée à la maladie mentale, en particulier sur le lieu de travail.
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L’enfance et l’adolescence sont des périodes cruciales pour la promotion de la bonne santé mentale. Une maladie mentale sur deux fait son apparition avant l’âge de 14 ans. Les personnes atteintes de troubles mentaux sont plus susceptibles d’abandonner leurs études prématurément et d’obtenir de moins bons résultats scolaires et par conséquent de rencontrer plus de difficultés à accéder au marché du travail. Le système éducatif a un rôle majeur à jouer dans l’identification précoce et dans l’accompagnement des enfants souffrant de problèmes mentaux. Les politiques visant à prévenir le décrochage scolaire et à permettre une transition facile vers le monde du travail sont essentielles pour garantir que les résultats scolaires et la future vie professionnelle des jeunes n’en soient pas pénalisés.
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Les personnes qui souffrent de problèmes mentaux ont besoin d’un traitement approprié et opportun pour empêcher l’aggravation de leur état. L’insuffisance des traitements est un problème qui perdure, car seuls environ 50 % des personnes qui souffrent de troubles mentaux sévères et environ 30 % de celles atteintes de troubles modérés reçoivent un traitement. Par ailleurs, délivrer le bon traitement, et à la bonne intensité, en fonction des personnes reste un défi dans de nombreux pays de l’OCDE. Afin de favoriser le taux d’activité des personnes souffrant de troubles mentaux, les pouvoirs publics doivent prendre des mesures pour mieux leur venir en aide. Pour ce faire, la coordination entre les secteurs de la santé et de l’emploi est capitale.
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Les employeurs occupent une position idéale pour aider leurs employés à s’attaquer aux problèmes de santé mentale et conserver leur emploi. Les travailleurs qui souffrent de troubles mentaux prennent des arrêts maladie plus souvent que les autres et sont absents plus longtemps. Dans le même temps, ils font état beaucoup plus souvent d’une productivité réduite au travail. La prévention du stress sur le lieu de travail est un moyen aussi nécessaire qu’efficace de faire face aux problèmes de santé mentale existants. Mais les préjugés sur la santé mentale étant omniprésents, il est difficile de trouver une solution aux problèmes au travail liés à la santé mentale. Pour que les cadres puissent détecter les problèmes mentaux, ils doivent bénéficier de formations et d’un soutien adaptés.
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La capacité des régimes de prestations et des services de l’emploi à détecter les maladies mentales de leurs usagers est fondamentale pour aider les travailleurs à retourner dans la vie active. Les troubles mentaux sont largement répandus non seulement chez les bénéficiaires de pensions d’invalidité, mais aussi chez les bénéficiaires d’allocations de chômage et d’aide sociale. Dans tous les pays de l’OCDE, entre un tiers et la moitié des bénéficiaires d’allocations sont atteints de pathologies mentales. Des services de l’emploi efficaces peuvent assurer un retour rapide au travail et éviter que les régimes de pensions d’invalidité aient une trop grande charge de travail.