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Dans un contexte de vieillissement rapide de la population, il est crucial de donner aux travailleurs âgés de meilleurs choix et incitations au travail pour promouvoir la croissance économique et améliorer la viabilité du système public de dépenses sociales. Le Comité de l’emploi, du travail et des affaires sociales de l’OCDE a décidé en 2011 d’entreprendre un nouvel examen des politiques pour encourager plus de participation des travailleurs âgés au marché du travail en favorisant l’employabilité, la mobilité professionnelle et la demande de travail. Cet examen sur la Suisse s’inscrit dans le suivi de travaux déjà menés par l’OCDE sur cette question dans la série Vieillissement et politiques de l’emploi et dans son rapport comparatif de première importance, Vivre et travailler plus longtemps, publié en 2006.
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La Suisse se situe dans le peloton de tête des pays de l’OCDE pour ce qui concerne le taux moyen d’emploi des personnes âgées. Pourtant, elle est parmi les champions uniquement pour les hommes de moins de 60 ans et pour les diplômés de l’enseignement supérieur tandis qu’il suffit d’avoir 60-64 ans, d’être une femme ou de ne pas avoir de diplôme de l’enseignement supérieur pour ne plus être parmi les meilleurs. Davantage pourrait donc être fait pour donner à tous les travailleurs de meilleurs choix et incitations pour continuer à travailler. Une stratégie d’ensemble est nécessaire pour qu’une meilleure gestion des âges soit menée dans les entreprises, le rôle des autorités publiques étant d’encourager les partenaires sociaux à investir plus dans les travailleurs âgés.
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La Suisse se situe dans le peloton de tête des pays de l’OCDE pour ce qui concerne le taux d’emploi des personnes âgées. Il a atteint en 2012 70.5 % de la population de 55-64 ans, après l’Islande (79.2 %), la Nouvelle- Zélande (73.9 %), la Suède (73.1 %) et la Norvège (70.9 %), et surpasse de près de 17 points de pourcentage la moyenne de l’OCDE (54 %).
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Le vieillissement démographique pèsera sur la composition de la population en âge d’activité en Suisse. Alors que l’ampleur du vieillissement a été atténuée ces dernières décennies par une immigration importante, il y a un risque d’accélération des problèmes de pénurie de main-d’oeuvre après l’acceptation de la proposition contre l’immigration de masse. Ce chapitre résume ce défi démographique, fait le point sur les réformes menées au cours de la dernière décennie et propose une évaluation synthétique de la mesure dans laquelle la Suisse a suivi les recommandations de l’OCDE du rapport de 2003 Vieillissement et politiques de l’emploi : Suisse.
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L’amélioration de la situation des travailleurs de 55-64 ans sur le marché du travail suisse au cours de la dernière décennie est notable. Par contre, le taux d’emploi au-delà de 65 ans a peu progressé au cours de la même période. L’accent est mis dans ce chapitre sur la comparaison internationale pour identifier les atouts et les faiblesses de la Suisse. Un tableau de bord présente une vingtaine d’indicateurs pour les travailleurs âgés en Suisse en comparaison des moyennes internationales au cours de la dernière décennie. 2
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Un domaine important à explorer dans ce chapitre pour expliquer le maintien d’un niveau élevé d’emploi des travailleurs âgés en Suisse concerne les prestations de protection sociale dans le cadre de la retraite, la préretraite, l’invalidité, le chômage et l’aide sociale. Le constat de départ est paradoxal : l’âge effectif de sortie de la population active se situe en Suisse au-dessus des moyennes internationales mais les personnes qui partent en préretraite sont nombreuses. Il s’avère qu’un grand nombre de (pré)retraités continuent de travailler, souvent à temps partiel, car il est possible de cumuler sans pénalité une prestation de (pré)retraite et le revenu d’une activité lucrative. 3
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Le succès des réformes visant à stimuler l’offre de travail des travailleurs âgés passe par une augmentation de la demande de travail qui leur est adressée de la part des entreprises, faute de quoi ils se retrouveront au chômage. La réticence des employeurs à recruter des travailleurs âgés reflète en partie leur perception négative de leur faculté d’adaptation et de leur productivité, et même une discrimination liée à l’âge. Il y a aussi d’autres facteurs présentés comme plus objectifs par les employeurs pour motiver leur comportement. Il peut s’agir, par exemple, du coût du travail qui augmenterait de façon marquée avec l’âge, notamment dans les cotisations de prévoyance professionnelle (second pilier). Ce chapitre fera le point sur les obstacles au maintien dans l’emploi et au recrutement des travailleurs âgés ainsi que sur les bonnes pratiques dans les entreprises pour promouvoir un emploi de qualité après 55 ans.
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À mesure que les travailleurs avancent en âge, il faut veiller à ce qu’ils puissent actualiser de façon continue leurs compétences, accéder facilement aux dispositifs offerts par les services publics et privés de l’emploi et bénéficier de meilleures conditions de travail. Ce chapitre montre que la situation suisse est globalement favorable dans ces trois domaines. Pourtant, il faudrait renforcer très en amont l’employabilité des travailleurs peu qualifiés pour leur permettre d’être valorisés sur le marché du travail et incités à continuer à travailler plus longtemps. Les femmes sont un groupe à cibler pour atteindre cet objectif car une meilleure utilisation de leur potentiel est déterminante pour faire face au vieillissement démographique et aux pénuries de main-d’oeuvre.