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  • Les pays de la zone OCDE sont de plus en plus nombreux à reconnaître que la mauvaise santé mentale constitue un problème pour les politiques afférentes au secteur social et au marché du travail : elle génère en effet des coûts importants pour les personnes concernées, les employeurs et l’économie tout entière par ses répercussions négatives majeures sur l’emploi, le chômage et la productivité. La politique de la Suisse en la matière offre un tableau contrasté. Plusieurs secteurs – dont la santé, l’éducation et le système de protection sociale – sont dotés de ressources adéquates, ce qui leur permet en principe de mener des actions adaptées aux besoins. Toutefois, l’élaboration des politiques est un processus complexe dans ce pays, en raison du nombre particulièrement élevé d’intervenants, dont les 26 cantons, très indépendants, et un secteur privé important et influent. La coordination des politiques est donc astreignante, ainsi que l’illustre le processus de collaboration interinstitutionnelle, à la fois long et tortueux. En dépit de l’approche volontariste adoptée dans le domaine de l’assurance invalidité et du succès des récentes réformes touchant aux prestations d’invalidité, différents problèmes subsistent, comme l’atteste le nombre toujours aussi élevé de demandes de prestations de l’assurance invalidité émanant de personnes atteintes de troubles mentaux. D’autres changements s’imposent afin d’améliorer sensiblement la situation ; plus généralement, il importe que l’action publique en matière de santé, de politique sociale et d’emploi mette davantage l’accent sur la santé mentale.

  • Les problèmes de santé mentale représentent un coût élevé pour l’économie suisse – environ 3.2 % du PIB – en raison des pertes de productivité qu’ils induisent chez les personnes concernées titulaires d’un emploi, des dépenses sociales en faveur de celles qui doivent cesser temporairement ou définitivement de travailler, et des soins de santé nécessaires dans tous les cas. Certes, le marché du travail suisse se trouve dans une situation très satisfaisante et les effets de la récente crise économique ont été relativement limités. Pourtant, les personnes souffrant de troubles mentaux ont plus de mal que les autres à décrocher un emploi : cette catégorie de population connaît un taux de chômage quasiment trois fois plus élevé que la moyenne et des taux d’emploi moins bons. Dans l’ensemble, les chiffres de la dépendance à l’égard des prestations sociales sont élevés chez les Suisses d’âge actif (près de 20 %), et l’on a observé, au cours des 15-20 dernières années, un accroissement progressif de la dépendance à l’égard des rentes d’invalidité et de l’aide sociale. Il est important de souligner que les personnes atteintes de troubles mentaux sont largement surreprésentées dans tous les systèmes de prestations, et notamment les rentes d’invalidité, où elles représentent actuellement près de 40 % des nouvelles demandes. De plus, celles d’entre elles qui exercent une activité rencontrent souvent des difficultés au travail, comme en attestent leurs absences pour maladie, plus fréquentes et plus longues que chez les personnes n’ayant pas de problèmes mentaux.

  • En s’inspirant des conclusions du rapport publié récemment par l’OCDE sous le titre Mal-être au travail ?, le présent chapitre met en évidence les principaux défis que doit relever la Suisse dans le domaine de la santé mentale et de l’emploi. Il donne un aperçu de la situation des personnes souffrant de troubles mentaux sur le marché du travail suisse par rapport à d’autres pays de l’OCDE, ainsi que de leur situation financière. Ce chapitre décrit aussi le système de prestations sociales de la Suisse et, partant, le contexte dans lequel s’inscrivent les politiques de santé mentale et d’emploi.

  • Les employeurs sont les mieux placés pour aider les personnes en activité à faire face aux problèmes de santé mentale et à conserver leur emploi. Le présent chapitre décrit en premier lieu le lien entre mauvaise santé mentale et conditions de travail, baisse de productivité et absences pour maladie. Il examine ensuite les stratégies de prévention des risques psychosociaux au travail, ainsi que les stratégies de gestion des maladies adoptées par les entreprises suisses. Il se termine par un examen de la responsabilité financière des employeurs suisses dans les cas d'absence pour maladie.

  • L’assurance invalidité suisse a connu, ces dix dernières années, une série de réformes ambitieuses nettement axées sur la santé mentale, dont l’objectif était de contenir la progression forte et constante du nombre de bénéficiaires souffrant de troubles mentaux. Le présent chapitre donne un aperçu de la nature de ces réformes, parmi lesquelles figurent l’instauration, à l’intérieur même du système d’assurance, de services médicaux pouvant prendre le pas sur les évaluations des médecins traitants ; il souligne la place faite désormais aux interventions précoces et à la réinsertion professionnelle des bénéficiaires de rentes d’invalidité ; il fournit également une première évaluation des effets constatés à ce jour. Audelà des réformes, les modifications apportées à la législation et un débat public soutenu semblent avoir contribué à sensibiliser l’ensemble des acteurs et, partant, à réduire sensiblement le nombre de nouvelles demandes. D’importants défis subsistent néanmoins.

  • Ce chapitre examine la capacité de l’assurance chômage et de l’ensemble du système de protection sociale en Suisse à faire face à la forte prévalence des maladies mentales parmi leurs bénéficiaires. Il aborde la problématique de la prise de conscience du problème ainsi que les moyens mis en oeuvre pour identifier les troubles mentaux et aider les personnes atteintes à réintégrer le marché du travail. Il étudie principalement la situation actuelle, le rôle, l’impact et les potentialités futures de la collaboration interinstitutionnelle qui a été initiée voici plus de dix ans et qui n’a cessé de se développer depuis lors.

  • Le présent chapitre évalue la performance du système suisse de santé mentale pour ce qui concerne la mise en oeuvre des traitements adéquats pour les personnes qui souffrent de troubles mentaux. Déjà très complet, ce système pourrait néanmoins offrir des prestations à plus de personnes ayant besoin de traitement. Ce chapitre s’intéresse donc au rôle des différents prestataires de soins dans le domaine de la santé mentale, à la façon dont ils collaborent entre eux et au potentiel d’amélioration. Il analyse l’action des services psychiatriques et des médecins indépendants en faveur du maintien dans l’emploi et de la réinsertion professionnelle ; enfin, il aborde les opportunités de s’investir plus résolument face aux difficultés professionnelles imputables à des problèmes de santé, ainsi que les obstacles à surmonter en la matière.

  • Le présent chapitre porte sur la capacité du système éducatif suisse à accompagner les enfants et les jeunes en difficulté souffrant de troubles mentaux, pendant leur scolarité et à leur entrée dans la vie active. On étudie en premier lieu l’efficacité des mesures de soutien et des services destinés à ces jeunes, à leurs enseignants et à leurs parents. Le passage de l’école au monde du travail est ensuite analysé, de même que le problème de la sortie prématurée du marché du travail. En conclusion, le chapitre examine les mesures visant à une détection précoce des problèmes de santé mentale chez les jeunes qui abandonnent leurs études et chez les jeunes adultes.