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  • La récession mondiale apparue dans le sillage de la crise financière de 2008 a profondément affecté les échanges, comme tous les autres aspects de l’économie. Alors que ce livre est mis sous presse, nous prévoyons un recul des échanges mondiaux pour la première fois depuis 1982.

  • Le commerce international influe sur une multitude de domaines, comme l’emploi, la consommation et la lutte contre la pauvreté, mais aussi l’environnement et les relations entre les pays. Il est, en retour, façonné par une foule de facteurs dont la gamme s’étend des ressources naturelles à la mode. Les questions liées aux échanges commerciaux internationaux peuvent susciter des débats passionnés : pour faire face à des problèmes économiques majeurs, on exige souvent le recours à des mesures commerciales telles que l’embargo ou la limitation des importations. Quels sont les avantages et les inconvénients rattachés au commerce international ? Que peut faire la politique commerciale, et quelles sont ses limites ? Une bonne compréhension de ces questions nous aidera à nous faire notre propre opinion sur les débats qui entourent le sujet du commerce international.

  • Plusieurs traits de l’économie moderne, dont la mondialisation et les crises financières, existent depuis des millénaires. Et les débats entourant la meilleure façon de s’attaquer à ces problèmes remontent à plusieurs siècles. Cela vaut aussi pour les échanges internationaux : aujourd’hui encore, les travaux menés par les spécialistes des échanges et les décideurs publics reposent sur nombre d’analyses et de concepts élaborés aux XVIIIe et XIXe siècles. Dans tout débat sur les relations économiques internationales, il y a donc un intérêt majeur à connaître les grandes lignes de l’histoire et des idées qui ont façonné les échanges internationaux et leur analyse.

  • Toutes les nations du monde participent jusqu’à un certain point aux échanges internationaux, et pratiquement tous les produits, du moins certains de leurs composants, dépendent de fournisseurs internationaux. Mais le commerce international ne concerne pas uniquement les marchandises. On peut aussi acheter et vendre des connaissances et de l’expérience, ainsi que les nombreux services que nous utilisons chaque jour. Si les échanges internationaux restent dominés par les pays les plus riches, les économies émergentes du « monde en développement » – comme on l’appelle encore – viennent leur contester cette supériorité.

  • Les biens et les services ne circulent pas de façon entièrement libre entre les pays, même lorsque ces derniers entretiennent d’excellentes relations. Plusieurs raisons expliquent qu’un pays mette en place des barrières aux échanges : par exemple pour protéger ses propres entreprises contre la concurrence étrangère, ou les consommateurs contre des produits dangereux ou indésirables. Et il arrive même que ce soit involontaire, comme dans le cas de régimes douaniers complexes. Au cours des dernières décennies, les barrières tarifaires ont été considérablement réduites, mais d’autres obstacles subsistent. Supprimer les barrières inutiles stimulerait grandement le bien-être économique mondial.

  • Le commerce international ne fait habituellement la une des journaux que lorsqu’un désaccord majeur dégénère en « guerre commerciale ». Le plus souvent, les échanges s’effectuent paisiblement selon les règles supervisées par l’Organisation mondiale du commerce. Le système mis en place par l’OMC repose sur le principe du « multilatéralisme », c’est-à-dire que plus les pays sont nombreux à signer un accord, plus il a de poids. Mais amener 150 pays ou plus à s’entendre est un long processus, et chaque cycle de négociations commerciales se déroule sur plusieurs années.

  • Des emplois sont créés et perdus en permanence. Lorsque des emplois perdus réapparaissent peu après dans un autre pays, il semble que le commerce international aggrave le chômage, précarise les emplois et affecte les salaires. Il est établi que les économies ouvertes atteignent des niveaux de salaires et de croissance économique plus élevés que les économies fermées. Les échanges ne sont cependant qu’un des nombreux facteurs à l’oeuvre. Un vaste ensemble de politiques, couvrant des domaines allant de l’éducation à la santé, en passant par les infrastructures et l’innovation, est nécessaire. De plus, des politiques efficientes du marché du travail sont essentielles pour assurer un partage équitable des bénéfices.

  • La production, le transport et la consommation des biens comportent un coût environnemental qui est rarement compris dans le prix auquel nous les achetons. Et c’est également vrai du coût environnemental résultant de leurs échanges au niveau international. Mais cela ne signifie en rien qu’un bien produit localement respecte toujours plus l’environnement qu’un bien qui a parcouru une longue distance. Les échanges peuvent en fait atténuer les conséquences négatives de la croissance économique en rendant plus accessibles les produits et les technologies qui respectent l’environnement.

  • Les pays fermés aux échanges et aux investissements ne sont que rarement, voire jamais, parvenus à atteindre une croissance et un développement prolongés. Mais, à eux seuls, les échanges sont insuffisants. Le développement repose également sur de nombreux facteurs tels que l’éducation, les infrastructures, la gouvernance et les institutions. Les pays en développement doivent progresser sur tous ces fronts pour récolter tous les bienfaits de leur intégration dans le système mondial des échanges et de l’investissement.

  • La libéralisation des échanges contribue de plusieurs façons à la croissance. Elle ouvre aux producteurs des marchés plus importants et leur permet d’accroître leur échelle de production, tout en offrant aux consommateurs des produits plus diversifiés et meilleur marché. Elle facilite aussi la circulation des connaissances et procure de nouveaux débouchés pour les investissements. La politique commerciale influe également sur la croissance en déterminant dans quelle mesure les opportunités peuvent être saisies. Mais tous ces effets ne peuvent être optimisés que si d’autres conditions sont remplies, par exemple de bonnes infrastructures et une main-d’oeuvre qualifiée.

  • Les échanges et l’innovation sont inextricablement liés et se renforcent mutuellement. Grâce au commerce, les nouvelles technologies circulent plus librement autour du globe et bénéficient à un plus grand nombre d’entreprises et de personnes. Ce processus accroît la taille du marché, tant pour les innovateurs que pour ceux qui acquièrent leurs innovations et s’en servent, puis la concurrence et l’innovation elle-même s’en trouvent stimulées. Cela vaut pour les produits comme pour les processus utilisés dans la production des biens et des services, les pratiques commerciales et l’organisation des entreprises, ainsi que les systèmes de commercialisation et de distribution.

  • Les échanges influent sur de nombreux aspects de notre vie quotidienne et, à une étape ou une autre, affectent pratiquement tout ce que nous achetons. En bien ou en mal, selon la façon dont nous envisageons les choses. Les échanges peuvent être un puissant moteur de changements positifs, mais ils peuvent aussi engendrer des problèmes et des incertitudes. La prospérité des pays et des gens repose peut-être sur d’autres facteurs plus décisifs, mais elle a rarement été atteinte et conservée en l’absence des échanges voire jamais. Les échanges sont donc une composante importante de toute stratégie économique mondiale visant la prospérité et la croissance sur le long terme.