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  • Face aux incertitudes qui pèsent sur le financement des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), l’augmentation des volumes d’aide récemment promise par les bailleurs est particulièrement bienvenue. Mais l’aide seule ne suffira pas : l’intégration de nouveaux acteurs et de nouvelles sources de financement du développement va se révéler indispensable. D’ailleurs, cette tendance est déjà observable dans bien des pays en développement. Cette nouvelle diversité des options de financement est une bonne nouvelle, mais elle crée aussi d’importantes difficultés — notamment pour veiller à distribuer l’aide sur le terrain de manière efficace et pour maîtriser les coûts de transaction. Cet ouvrage examine différentes facettes des transformations de « l’architecture internationale du financement du développement » et tente d’en dégager des implications pour les politiques des bailleurs et des bénéficiaires, en les envisageant d’abord dans une perspective mondiale puis du point de vue des pays en développement

  • Si les flux d’aide en provenance des bailleurs du CAD/OCDE ont fortement augmenté ces dernières années, cette progression est en fait en grande partie liée aux allégements de dette, à l’aide d’urgence et aux autres dons spéciaux. L’aide ne se résume toutefois pas aux seuls apports des bailleurs traditionnels. Les bailleurs non membres du CAD sont de plus en plus présents et les flux hors APD en provenance du monde entier prennent une importance croissante. Aujourd’hui, l’Afrique subsaharienne reste plus dépendante des flux d’aide publique que le reste du monde en développement, mais elle attire presque autant d’IDE en part du PIB que les autres régions en développement. Dans 15 pays d’Afrique subsaharienne, les envois de fonds ont représenté en 2004 plus de 2 pour cent du PIB. Toutes ces évolutions ont des implications pour les politiques des pays bailleurs comme pour celles des bénéficiaires.

  • Non content de contribuer au débat qui oppose les prêts aux dons dans le cadre des politiques d’APD, ce chapitre fait également une proposition. L’annulation de la dette des pays pauvres ne signifie pas qu’un recours exclusif au don soit la meilleure façon d’allouer l’aide. En effet, l’abandon des prêts à conditions préférentielles au profit des dons pourrait restreindre les ressources accordées aux pays les plus pauvres, réduire leurs incitations à respecter discipline et efficacité budgétaires et alourdir le poids des ajustements aux chocs exogènes. Dans bien des cas, l’aide sous forme de prêts pourrait se révéler préférable, pourvu que la dette reste soutenable. Ainsi, un système de prêts à conditions préférentielles assortis de taux d’intérêt supérieurs et de dispositifs d’annulation en cas de mauvais chocs minimiserait l’aléa moral et améliorerait la soutenabilité de la dette.

  • En dépit des initiatives prises par les bailleurs de fonds après Monterrey, la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement risque d’échouer, faute de financement suffisant — et ce, alors que l’échéance pour leur réalisation, prévue en 2015, se rapproche. Les idées et propositions pour de nouveaux financements se multiplient. Pour les évaluer, il est particulièrement important de considérer leur rendement potentiel, la rapidité de leur mobilisation et leur faisabilité politique. Au vu de ces critères, les taxes mondiales n’ont guère de chance de pouvoir être introduites à temps. La FFI et des initiatives régionales de taxation sur les transports aériens, éventuellement combinées, constitueraient des options plus réalistes. Néanmoins, une augmentation de l’APD reste la solution la plus directe pour éviter une insuffisance de moyens au service des OMD.

  • Les bailleurs bilatéraux et multilatéraux continuent de jouer un rôle essentiel, mais d’autres acteurs ont investi le terrain. Cette multitude de nouveaux financements offre aux pays en développement des alternatives pour financer la réalisation des OMD, mais elle engendre aussi d’importantes difficultés. En s’appuyant sur l’expérience du secteur de la santé au Ghana, ce chapitre illustre ces deux aspects. Si les nouvelles sources de financement ont contribué à augmenter le volume global des financements, elles posent aussi des problèmes de suivi et de coordination. Les pays en développement ont donc besoin de systèmes d’information plus performants pour prévoir les flux de financement et les planifier. Ils ont également besoin de mécanismes de coordination incluant les nouveaux bailleurs pour rendre ces financements plus efficaces. Enfin, pour s’approprier leur processus de développement, ils doivent améliorer la coopération interministérielle, remédier aux décalages entre les budgets et les dépenses et renforcer leurs capacités.

  • En tant que nouveaux acteurs du financement du développement, les programmes mondiaux (PM) en cours au Ghana respectent-ils les principes de la déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide ? Tel est le fil conducteur de ce chapitre, qui parvient à quatre grandes conclusions : i) les priorités de financement des PM s’accordent bien aux objectifs fixés dans les plans et les stratégies du pays, bien que la disponibilité des fonds des PM semble parfois infléchir les priorités du pays ; ii) le gouvernement s’approprie de mieux en mieux les demandes de financement et la conception des projets, mais ses capacités restent nettement insuffisantes ; iii) l’harmonisation des mécanismes de coordination des PM avec les autres systèmes de coordination entre bailleurs et bénéficiaires reste problématique, surtout dans le domaine de la santé. En effet, plus les structures de coordination intergouvernementales sont faibles, plus la coordination des PM est délicate ; iv) la prédictibilité et la pérennité des financements varient considérablement selon les PM.

  • Pourvu qu’elle soit gérée avec soin et adaptée aux préférences et aux besoins des populations locales, l’AMP peut compléter les options traditionnelles de financement de la santé et contribuer à surmonter leurs limites dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Ces pays peuvent être regroupés en trois ensembles régionaux, en fonction de leurs caractéristiques et des difficultés politiques qu’ils rencontrent à l’égard de l’AMP. L’Amérique latine et l’Europe de l’Est possèdent déjà un secteur assurantiel développé, mais elles doivent s’accomoder de marchés et de politiques déficients. Les pays MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) et d’Asie de l’Est devraient assister à une forte croissance des besoins en matière d’AMP, qui devra être accompagnée par une réglementation efficace. En Asie du Sud et en Afrique subsaharienne, l’AMP ne devrait jouer qu’un rôle marginal dans les années à venir, mais il est crucial de renforcer les régimes d’assurance de faible envergure à but non lucratif.