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  • La mobilité humaine tient une place de plus en plus importante dans le processus de mondialisation. L’immigration vers les pays de l’OCDE a ainsi connu une augmentation spectaculaire au cours des dernières décennies, au point qu’environ environ 8 pour cent de leurs habitants sont nés à l’étranger. Décideurs politiques et citoyens portent un intérêt grandissant — et parfois s’en inquiètent — aux conséquences économiques et sociales de ce phénomène, non seulement pour les pays de l’OCDE, mais aussi pour les pays d’origine et les migrants eux-mêmes. La migration internationale peut-elle contribuer au progrès économique ?

  • Si les tendances actuelles perdurent, l’Europe devra de plus en plus s’appuyer sur les immigrants pour équilibrer l’offre et la demande des marchés du travail et, plus généralement, pour alimenter sa croissance économique. Cette perspective figure explicitement dans l’Agenda de Lisbonne de l’Union européenne. Parallèlement, les migrations internationales à destination de l’Europe peuvent favoriser le développement économique des pays d’origine des migrants. Elles peuvent donc servir les objectifs européens de coopération au développement.

  • Les migrations deviennent une dimension centrale de la mondialisation. Celle-ci se traduit par un nouveau système de mobilité, caractérisé par des schémas migratoires variés. Décideurs et citoyens observent avec un intérêt grandissant — parfois aussi avec inquiétude — les conséquences économiques et sociales de ce nouveau système de mobilité sur les pays de l’OCDE ainsi que sur les pays d’origine des migrants. Les migrations internationales peuvent-elle contribuer au progrès économique ? Oui, à condition de mettre en oeuvre des politiques appropriées et des programmes prenant en compte tous les secteurs concernés. Mais pour l’instant, divers obstacles institutionnels limitent les perspectives de bénéfices, économiques ou autres, générés par les migrations.

  • L’impuissance à gérer les changements entraînés par les migrations risque d’engendrer agitation sociale et instabilité politique. Ne pas gérer les migrations les empêche par ailleurs de contribuer autant que possible au dynamisme, à la croissance et à la prospérité des nations d’accueil, tout en décevant les aspirations des immigrés.

  • Comme déjà signalé, la demande en travailleurs immigrés, qu’ils soient hautement, peu ou semi-qualifiés, va probablement continuer à augmenter. Ces différentes catégories de migrants nécessitent toute une gamme de politiques pour réglementer l’accès aux marchés du travail.

  • Pendant les décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, la plupart des pays européens n’ont pas considéré l’immigration comme un phénomène permanent. Par définition, les travailleurs temporaires n’avaient pas vocation à rester sur place. Quant aux réfugiés, ils étaient souvent laissés dans les limbes, sans possibilité de travailler et sans savoir s’il leur serait possible de s’installer définitivement. En raison de cette croyance au caractère prétendument temporaire de l’immigration, pratiquement aucun État n’a développé de politique d’intégration des immigrés et de leurs descendants, à l’exception notoire des Pays-Bas et de quelques pays nordiques.

  • Les migrations ont d’importantes conséquences économiques, certaines salutaires, d’autres préoccupantes, sur les pays d’origine des migrants (cf. Katseli et al., 2006b). Potentiellement, les migrations peuvent avoir des effets positifs sur le développement des pays d’origine. Elles peuvent par exemple contribuer à réduire le chômage, stimuler le développement grâce aux transferts de fonds des travailleurs émigrés, améliorer les connaissances et les compétences ou introduire de nouvelles technologies. D’un autre côté, elles peuvent aussi aggraver les inégalités, bouleverser la vie familiale et les relations sociales, et perturber le fonctionnement de services sociaux importants. Pour gérer les migrations plus efficacement, il est donc vital de lier les politiques migratoires aux politiques de développement.

  • Les émigrés doivent devenir des partenaires à part entière de la conception et de la mise en oeuvre des politiques. En effet, les organisations d’émigrés offrent à leurs membres des relations, des informations, l’accès à certains services et l’occasion de développer leurs compétences (Rindoks et al., 2006). Elles peuvent également leur donner du poids en leur faisant prendre conscience de leur statut et de leur identité partagée, et d’organiser des campagnes pour influencer les politiques locales et nationales. Des organisations d’émigrés puissantes tendent par ailleurs à faciliter les rapports avec le système politique principal plutôt qu’à les gêner.