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  • Le développement du secteur privé est une composante essentielle de la croissance économique et de la réduction de la pauvreté dans les pays en développement, car il représente une source importante d’innovation et de création d’emplois. S’il est dynamique et concurrentiel, le secteur privé peut également renforcer l’autonomie des personnes pauvres en leur offrant des biens et des services de meilleure qualité à des prix plus abordables. Depuis quelques années, les décideurs politiques de nombreux pays en développement, en particulier en Afrique, ont fait du développement du secteur privé (DSP) une des clefs de voûte de leurs stratégies nationales de développement. De même, le DSP fait aujourd’hui partie intégrante des stratégies d’aide au développement des banques de développement multilatérales et régionales .

  • Le développement du secteur privé (DSP) joue un rôle de plus en plus important dans la croissance économique des pays pauvres. Mais il est nécessaire de le mener de manière cohérente, en restant à l’écoute des réalités locales. Il faut également penser le DSP à la lumière du débat sur les avantages et les inconvénients de la politique industrielle. Cette démarche peut suivre différentes approches. On peut par exemple mettre en parallèle les déficiences du marché, qu’on observe notamment dans la concurrence imparfaite, et celles des gouvernements, bien qu’il faille être prudent avant de considérer ces dernières comme irrémédiables. Quels sont les fondements microéconomiques des politiques de DSP ? Quelles sont les conséquences des déficiences du système et de sa coordination ? À qui incombe-t-il d’en dresser la liste et d’y remédier ? Ces réflexions seront suivies d’une rapide présentation d’un nouveau type de politique industrielle, dont le point de départ consiste à reconnaître la coexistence d’aspects positifs et d’aspects négatifs. Ce chapitre passe également en revue les leçons tirées du passé et les pratiques actuelles en matière de DSP. Il insiste en particulier sur les grappes d’entreprises, la façon dont les entreprises entrent en relation les unes avec les autres et les liens qu’elles peuvent tisser avec les organisations susceptibles de leur venir en aide. Il examine aussi les services de développement des entreprises et la promotion des activités entrepreneuriales. La conclusion insiste sur la nécessité d’orienter les interventions gouvernementales vers l’amélioration du fonctionnement des marchés, sur la nécessité de recourir à des politiques qui éliminent les imperfections systémiques en cas d’échec des systèmes d’innovation et d’information, et sur l’importance d’une approche cohérente pour soutenir ces politiques. Enfin, pour assurer le succès des politiques de DSP, il est essentiel que les secteurs privé et public dialoguent et collaborent activement.

  • Les pays en développement doivent impérativement diversifier leurs activités économiques, en passant d’une base étroite de produits primaires à un éventail plus large de produits manufacturés, composé principalement de pièces détachées et de composants. Mais cette diversification n’est pas toujours positive, car l’intégration croissante des pays dans les chaînes mondiales de valeur (CGV) est porteuse à la fois de risques et d’opportunités. Un certain nombre de cas précis sont examinés ici de façon approfondie : les produits blancs (les gros appareils électroménagers) en Chine, au Mexique et en Turquie ; l’animation cinématographique aux Philippines ; et l’aéronautique en Chine. La fragmentation de la production à l’échelle internationale offre aux producteurs des pays en développement des opportunités en matière d’accès aux marchés, d’acquisition de savoirs et de mise à niveau des procédés et des produits. La libéralisation du commerce international et l’innovation technologique ouvrent des débouchés non seulement aux services et aux industries de haute technologie, mais aussi aux industries plus anciennes, à forte intensité de main-d’oeuvre. Et la demande intérieure constitue un élément clé de cette évolution. Dans le même temps, les entreprises et les pouvoirs publics doivent faire des efforts résolus pour éviter de glisser vers le bas des chaînes de valeur. Les entreprises ont plus de chances de réussir lorsqu’elles utilisent la concurrence mondiale comme une opportunité, se lancent dans des segments industriels plus profitables et utilisent leur arrivée tardive sur les marchés comme une source d’avantage concurrentiel.

  • L’agriculture offre aux pays africains des opportunités substantielles de promouvoir la croissance et de réduire la pauvreté. Et ces opportunités seraient encore plus grandes si les subventions étaient réduites, aussi bien dans les pays en développement que dans les pays développés. Des obstacles considérables empêchent toutefois d’exploiter pleinement ces possibilités. En effet, il existe un véritable fossé entre les très petites et les grandes entreprises, qui sont souvent sous contrôle étranger. En outre, la présence du continent africain sur le marché agroalimentaire mondial est très limitée. Le développement du secteur privé agro-industriel est notamment freiné par la faiblesse des capacités de production et la mauvaise connaissance des marchés, qui entraînent une faible productivité, des pertes importantes dans le processus de production et une incapacité à respecter les normes de qualité. À cela s’ajoutent d’autres problèmes, dûs à la difficulté d’accéder aux intrants, notamment au crédit, et au sous-développement des marchés locaux. Ce chapitre analyse les expériences de la Tanzanie et de la Zambie. Il passe en revue les divers problèmes qui touchent le développement des exportations agricoles : l’inefficience des méthodes de production, le manque d’investissement et de crédit, l’imposition excessive, le manque d’eau et la difficulté à faire appliquer les contrats. Il présente des exemples prometteurs, notamment des projets d’agriculture contractuelle, qui ont permis à de petits exploitants agricoles de se lancer dans les cultures d’exportation. Trois conclusions principales se dégagent de cette étude : i) il est nécessaire de promouvoir l’agriculture commerciale à grande échelle. Pour cela, il faut renforcer les capacités de production des exploitants agricoles et des entreprises agroalimentaires. En attendant, des mesures doivent être prises pour réduire la vulnérabilité des petites exploitations agricoles et soutenir leur transformation, car ces exploitations continueront à dominer l’agriculture africaine dans les années à venir. ii) En travaillant en plus étroite collaboration, les détaillants et les entreprises de transformation peuvent rapprocher les exploitants agricoles des marchés et mettre à niveau leurs capacités. Cela leur permettra d’entrer dans la chaîne de valeur agroalimentaire, au sein de laquelle les normes sont de plus en plus strictes. iii) L’agriculture ne peut pas être analysée isolément : l’environnement d’affaires global doit être amélioré, et la stabilité macroéconomique joue un rôle essentiel.

  • Améliorer la gouvernance d’entreprise ne devrait-il pas être une priorité pour des pays dont le premier objectif de développement consiste à tirer de la pauvreté des pans entiers de leur population ? Des doutes ont été exprimés sur ce point, car dans ces pays, les grandes entreprises appartiennent souvent à l’État, à des intérêts étrangers ou à des familles, et une partie importante de la population travaille en dehors des entreprises du secteur formel. En réalité, les faits montrent que la gouvernance d’entreprise revêt une importance cruciale, aussi bien dans les pays à faible revenu que dans les pays à revenu intermédiaire, car le pouvoir économique et politique local repose de moins en moins sur des relations fermées et personnalisées et évolue vers plus d’ouverture et de démocratie. Ce chapitre a pour but de clarifier la notion de gouvernance d’entreprise et d’identifier les personnes et les institutions concernées. La gouvernance d’entreprise est importante pour le développement d’une nation, non seulement parce qu’elle permet de mobiliser des fonds à de meilleurs coûts, mais aussi parce que son absence peut limiter la croissance de la productivité et nuire au développement à long terme. Comme le montre ce chapitre, les pays en développement sont en train de passer d’une gouvernance fondée sur des relations très personnalisées à une gouvernance reposant sur des règles. Mais ce chapitre montre également que des problèmes subsistent, tels que le clientélisme, la faiblesse des pouvoirs publics et la puissance de certains actionnaires dominants. Par ailleurs, il examine également l’influence des structures pyramidales et des groupes d’intérêt. Les entreprises locales ont besoin de faire appel à de nouvelles sources de financement, mais la libéralisation et la déréglementation exercent de fortes pressions sur les marchés. Par conséquent, ces entreprises peuvent de moins en moins se tourner vers leurs sources traditionnelles de financement, alors même que leurs besoins financiers ont augmenté. Les obstacles à l’amélioration de la gouvernance d’entreprise, ainsi que leurs effets préjudiciables et leurs implications pour les politiques publiques sont examinés dans ce chapitre, qui met aussi l’accent sur l’importance d’être doté d’un système judiciaire impartial.