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  • Des améliorations notables des conditions sociales ont été obtenues ces dernières années grâce aux effets conjugués de la croissance économique et d’une protection sociale efficace. Néanmoins, la misère sociale est encore trop fréquente. Les politiques sociales traditionnelles ont principalement eu recours, pour lutter contre ce phénomène, aux prestations publiques – dans le but de protéger les individus contre les risques de la vie et faire en sorte que développement économique et développement social aillent de pair. Ce modèle traditionnel des politiques sociales est cependant de plus en plus remis en question aujourd’hui, car on se demande s’il est économiquement abordable et une grande partie de l’opinion pense que beaucoup d’usagers sont mal desservis par les programmes existants. Les causes profondes de la précarité sociale sont des facteurs structurels communs à tous les pays de l’OCDE : la répartition plus inégale des revenus marchands, l’évolution des risques selon les différentes époques de la vie, le vieillissement rapide de la population, l’existence de structures familiales plus variées et l’évolution des conditions sur le marché du travail. Des pays de plus en plus nombreux lancent des politiques sociales actives pour relever les défis posés par ces évolutions. Cet infléchissement vers une approche plus active vise à encourager les citoyens à participer le plus pleinement possible à la vie économique et sociale. Le fondement en est la reconnaissance des droits et des responsabilités qui incombent aux individus et aux organisations en tant que membres de la communauté au sein de laquelle ils vivent et évoluent. Ces réformes associent généralement des initiatives visant à assurer à tous les enfants un meilleur départ dans la vie, aider les individus à surmonter les obstacles à l’activité, aider les parents à concilier leurs responsabilités professionnelles et familiales, aider les individus à surmonter les obstacles à l’activité, rendre le travail rémunérateur et répondre aux besoins des individus pendant la dernière partie de leur vie. Les caractéristiques précises des politiques sociales actives varient selon le moment du cycle de vie de l’individu et la situation spécifique de chaque pays, mais elles ont une orientation commune qui est le souci d’aller au-delà de la protection des individus contre les risques de l’existence pour mieux s’attacher à investir dans leurs capacités et leur permettre de réaliser pleinement leur potentiel tout au long de leur vie.

  • Les investissements dans les enfants sont porteurs de nombreux effets positifs sur les enfants eux-mêmes et sur la société en général. Les enfants qui grandissent dans un milieu défavorisé sont plus susceptibles d’éprouver des difficultés à l’école, de peiner à trouver un emploi et de connaître le chômage, la maladie et le handicap à l’âge adulte. Ils ont également plus de probabilités de devenir à leur tour parents d’enfants pauvres, instituant un cycle de détresse infini. Nonobstant les nombreux discours entendus sur la nécessité d’investir dans les générations futures, les dépenses sociales consacrées aux enfants et aux familles – sans parler de l’éducation – sont réduites à la portion congrue en raison de la concurrence d’autres interventions, notamment à destination des personnes âgées. Si les dépenses sociales ont pu se maintenir à un faible niveau, c’est parce que la famille reste le meilleur moyen de pourvoir aux besoins des enfants – mais les structures familiales évoluent, et les politiques doivent s’adapter en conséquence. De plus, les politiques existantes se sont révélées incapables d’enrayer l’aggravation de la pauvreté chez les enfants de certains pays et la baisse de la fécondité dans la majorité des pays et de refermer les disparités entre hommes et femmes dans la répartition de l’emploi rémunéré et non rémunéré. Les politiques sociales actives ciblées sur les familles avec enfants font en sorte de mobiliser des investissements adéquats dans le développement des enfants, de répartir plus largement les coûts associés et d’aider les parents à mieux concilier responsabilités professionnelles et familiales. À mesure que les tendances actuelles se renforceront, les politiques sociales actives à l’attention des familles avec enfants deviendront de plus en plus nécessaires – et s’accompagneront aussi d’effets positifs croissants. Ces politiques devraient aider les adultes à surmonter les obstacles qui les empêchent d’avoir davantage d’enfants et donner aux mères le soutien dont elles ont besoin pour rester sur le marché du travail si tel est leur souhait, et ce faisant, compenser une partie des effets anticipés du vieillissement démographique. Elles aideront également les enfants à réussir au mieux leur démarrage dans l’existence, instituant un cercle vertueux d’autonomie et d’apprentissage à vie qui les préparera aux exigences de plus en plus élevées de l’avenir et écartant la menace d’un engrenage de pauvreté et de désavantage. Pour atteindre ces résultats, les pouvoirs publics doivent prendre des mesures visant à :

    ● Investir dans les enfants.

    ● Stimuler l’emploi maternel.

    ● Aider les familles à concilier responsabilités professionnelles et familiales.

    ● Créer un cadre allant dans le sens des décisions des parents en matière de reproduction.

  • La prévention de la pauvreté et de l’exclusion chez les personnes d’âge actif est un objectif clé de la protection sociale. Si la manifestation la plus directe de la pauvreté et de l’exclusion est la précarité financière, les principales causes de ces phénomènes résident dans le manque de compétences, dans un ensemble de caractéristiques personnelles et de facteurs structurels qui créent des obstacles à l’utilisation des compétences et dans le renforcement de ces obstacles pendant le laps de temps où les personnes sont indemnisées. L’ambition des politiques sociales actives de lutte contre la pauvreté et l’exclusion chez les personnes d’âge actif est d’aider les bénéficiaires de prestations à surmonter les obstacles qui les empêchent de trouver un emploi rémunéré. Elles recouvrent des interventions précoces et personnalisées, une focalisation accrue sur les services d’intégration, l’obligation faite aux clients et aux prestataires de coopérer dans le processus de réinsertion et des réformes des régimes de prestations visant à supprimer les désincitations au travail. Toutefois, les politiques sociales actives ne sont pas une panacée. Bien que de nombreux pays de l’OCDE aient accompli des progrès substantiels en plaçant l’intégration au marché du travail au coeur de la politique sociale, on ne peut exiger de chacun d’exercer un emploi et aider les individus à trouver du travail n’est pas suffisant pour éviter l’exclusion s’ils sont incapables de conserver leur poste, si les salaires ne sont pas suffisamment élevés pour les prémunir contre la pauvreté ou si ces emplois offrent peu de perspectives de développement des compétences ou d’avancement professionnel. C’est pourquoi il est nécessaire de compléter les politiques d’intégration au marché du travail par des mesures de « valorisation du travail » et d’assurer un revenu adéquat aux personnes pour qui l’intégration ou la réintégration du marché du travail est plus difficile, en particulier les parents isolés et les personnes handicapées. Dans plusieurs pays, on voit actuellement émerger un consensus en faveur d’une approche basée sur le principe « d’obligations mutuelles » : l’engagement de la société à aider les bénéficiaires et les mesures prises dans ce sens doivent s’accompagner, en contrepartie, d’un engagement des bénéficiaires à trouver du travail ou à prendre part à d’autres activités productives. À terme, ces politiques se traduiront par l’amélioration des revenus et de l’autonomie des groupes cibles traditionnels ainsi que par une augmentation des taux d’emploi pour l’économie dans son ensemble. Pour récolter ces fruits, il faut agir sur plusieurs fronts :

    ● Mener à son terme le programme de mesures conduisant de l’aide sociale vers le travail.

    ● Avancer dans le programme d’aide au travail.

    ● Aller au-delà du travail rémunéré comme seul objectif des politiques sociales.

    ● Renforcer l’efficacité des programmes ciblés sur les personnes pour qui il est difficile de

    travailler.
  • Jusque dans les années 70 encore, les mots « retraité » et « pauvreté » étaient inextricablement liés. Ce n’est plus vrai aujourd’hui : au cours des dernières décennies, les personnes âgées ont connu des améliorations sensibles de leur bien-être économique. Dans tous les pays de l’OCDE, elles vivent également plus longtemps et en meilleure santé. Mais, dans un contexte de vieillissement rapide de la population, ces améliorations grèvent lourdement les budgets publics, faisant peser une menace sur la viabilité financière des dispositifs grâce auxquels elles ont pu avoir lieu. Par ailleurs, la politique sociale a donné de moins bons résultats en ce qui concerne d’autres problèmes auxquels doivent faire face les personnes âgées : la difficulté de conserver un emploi, le risque de souffrir d’invalidité et d’isolement au cours de la vieillesse et les taux de pauvreté préoccupants de certains groupes de personnes âgées, en particulier celles qui n’ont pas de droits à une pension ou qui ont connu des interruptions de carrière. Ces nouveaux risques auxquels sont confrontées les personnes âgées, ainsi que la menace qui pèse sur la viabilité financière des dispositifs dont elles relèvent, appellent une réorientation de l’action des pouvoirs publics. Des politiques actives s’efforcent de remédier aux obstacles qui empêchent les personnes âgées de continuer à participer à la vie économique et sociale, en vue d’améliorer leur bienêtre et de mieux exploiter leurs capacités dans le cadre d’activités servant à la fois les intérêts de la collectivité et les leurs. Élever les taux d’activité des personnes âgées est important non seulement pour des raisons liées au marché du travail et pour consolider les bases des systèmes de retraite, mais aussi pour éviter que, dans les pays où la valeur des retraites publiques a été récemment réduite, des taux de remplacement plus faibles ne se traduisent par une augmentation de la pauvreté des personnes âgées. Il importe par ailleurs de veiller à ce que la charge de l’aide aux personnes âgées souffrant d’invalidité ne repose pas de façon excessive sur les femmes. Un grand nombre d’entre elles étant entrées sur le marché du travail, elles risquent de ne plus être disponibles pour assurer l’aide et les soins dont ont besoin un nombre croissant de personnes âgées dépendantes. Il convient donc de mettre en perspective le système de prise en charge professionnelle de ces personnes ainsi que les rapports entre ce type de prise en charge et celle qui est assurée par des non-professionnels, de redistribuer les coûts et de prendre des mesures pour alléger la tâche des aidants familiaux. Les priorités en matière de réforme sont les suivantes :

    ● Abaisser les coûts des pensions tout en diversifiant les ressources des retraités.

    ● Favoriser l’allongement de la vie active.

    ● Assurer davantage de services de qualité au nombre croissant de personnes âgées

    dépendantes.