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  • Le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO) est une plateforme internationale indépendante. Son Secrétariat est hébergé au sein de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Sa mission est de promouvoir des politiques régionales à même d’améliorer le bien-être économique et social des populations ouest-africaines.

  • Depuis le début des années 2000, une combinaison de groupes rebelles, d'organisations transnationales affiliées à Al-Qaïda ou à l'État Islamique et de milices d'autodéfense fragilise la légitimité et la stabilité des États d’Afrique du Nord et de l’Ouest. Les gouvernements sont de plus en plus confrontés à de nouvelles formes de violence politique. Il est souvent difficile d’en comprendre la géographie en raison de la multiplicité des acteurs en présence, de leurs alliances fluctuantes et de leurs mouvements transnationaux.

  • Il est souvent difficile d’avoir une idée précise de la géographie des conflits en Afrique du Nord et de l’Ouest en raison de la multiplicité des États, groupes rebelles, organisations extrémistes, et milices en présence, de leurs alliances fluctuantes et de leurs mouvements transnationaux. Si la violence s’accroît indiscutablement, il est difficile d’évaluer si les organisations violentes intensifient leurs efforts dans des lieux spécifiques, propageant l’insécurité dans un nombre croissant de régions, ou si elles se redéployent ailleurs sous la pression des forces gouvernementales.

  • Le Chapitre 1 met en lumière la complexité croissante des conflits en Afrique du Nord et de l’Ouest. Il montre que la géographie des conflits est peu lisible du fait du grand nombre de belligérants et de leurs stratégies politiques divergentes. Alors que la violence augmente, il est difficile de déterminer si les groupes violents intensifient leurs efforts dans certains espaces, diffusent l’insécurité dans un nombre croissant de régions, ou se redéploient sous la pression de forces gouvernementales. Le nouvel indicateur de la dynamique spatiale des conflits (Spatial Conflict Dynamics indicator, SCDi) contribue à répondre à ces questions en examinant simultanément l’intensité et la distribution géographique de la violence politique dans la région depuis 1997. Il montre que la violence cible de plus en plus les civils et les zones frontalières. L’indicateur suggère également que les interventions militaires ont réduit sur le court terme l’intensité de la violence en Afrique du Nord et de l’Ouest sans toutefois déboucher sur une paix durable.

  • Le Chapitre 2 passe en revue la littérature spécialisée consacrée aux conflits armés en Afrique, en s’intéressant tout particulièrement à leur dimension géographique. La première partie montre que l’augmentation du nombre de conflits armés en Afrique depuis la fin de la Guerre froide ne saurait être imputée à une cause unique. Les modes de gouvernance des élites postcoloniales, les ressources naturelles, la souveraineté, l’identité ethnique et la religion constituent autant d’ingrédients qui interagissent à des degrés divers dans chaque conflit plutôt que des facteurs déterminants des conflits dans l’absolu. La deuxième partie montre que la géographie est une dimension fondamentale des conflits. Des caractéristiques telles que le relief montagneux, les frontières ou la distance par rapport à la capitale peuvent les favoriser, ou les limiter. La géographie peut également être une cause de conflit lorsque des acteurs étatiques et non étatiques se disputent le contrôle d’un territoire. Enfin, en particulier en Afrique subsaharienne, les conflits peuvent se propager sur les territoires. La troisième partie examine dans quelle mesure des facteurs géographiques comme la distance, l’identité, les frontières, le territoire et l’échelle influent sur la spatialité des conflits modernes.

  • Le Chapitre 3 montre que les violences politiques sont très inégalement réparties en Afrique du Nord et de l’Ouest. Afin de mieux comprendre la géographie des conflits dans cette région, le chapitre présente un nouvel « indicateur de la dynamique spatiale des conflits » (SCDi), qui porte sur l’intensité et le degré de concentration des événements violents. L’indicateur met en évidence les régions qui connaissent le plus de conflits, l’évolution géographique des conflits dans le temps et les répercussions des interventions militaires sur la géographie des conflits. L’analyse de l’évolution des violences politiques est conduite au niveau régional (Afrique du Nord et de l’Ouest) et dans trois espaces (Mali et Sahel central, lac Tchad, Libye). Elle repose sur des données du projet Armed Conflict Location and Event Data (ACLED), qui répertorie les événements violents survenus en Afrique depuis 1997.

  • Le Chapitre 4 analyse l’évolution de la géographie des conflits en Afrique du Nord et de l’Ouest depuis la fin des années 90. Il montre que les conflits impliquent de nombreux acteurs non étatiques qui poursuivent des objectifs divergents, et ciblent les civils de façon plus systématique qu’auparavant. C’est dans les régions frontalières que se concentrent souvent les violences et les victimes. À partir d’un nouvel indicateur de la dynamique spatiale des conflits (SCDi), ce chapitre met en évidence les déplacements et la propagation de la violence au fil du temps. Ce chapitre montre que les conflits sont en grande partie localisés, contrairement à certaines idées répandues. Moins d’un tiers des régions en proie à la violence affichent des signes de propagation de cette violence. Néanmoins, il confirme aussi que la géographie de la violence est moins localisée qu’il y a 20 ans. De multiples foyers à haute intensité de conflits se sont formés au Sahel, où la violence se propage aux régions et aux pays voisins. Ces foyers sont plus susceptibles que par le passé d’être entourés de régions à plus faible intensité de conflits.

  • Le Chapitre 5 vise à déterminer si les interventions militaires parviennent à limiter l’intensité et la propagation géographique des conflits en Afrique du Nord et de l’Ouest. S’appuyant sur l’indicateur de la dynamique spatiale des conflits (SCDi), il montre que ni l’intervention de la France au Mali en 2013, ni celle de l’OTAN en Libye en 2011 n’ont abouti à une stabilité durable. Dans les deux cas, le nombre de zones ayant connu des violences s’est nettement accru durant l’intervention, avant de diminuer rapidement au fur et à mesure de sa progression. Dans la région du lac Tchad, l’offensive lancée en 2015 par le Nigéria et ses pays voisins a marqué un tournant dans la guerre contre Boko Haram, puisqu’elle a initialement permis de réduire l’intensité des violences et de les circonscrire à des zones reculées. Cependant, dans ces zones, non seulement les conflits persistent, mais avec le temps, les violences ne sont pas moins denses, même si elles se sont dispersées. Dans l’ensemble, cette situation témoigne de la résilience de Boko Haram face aux interventions multinationales.