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  • Le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO) est une plateforme internationale indépendante. Le Secrétariat est hébergé au sein de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Sa mission est de promouvoir des politiques régionales à même d’améliorer le bien-être économique et social des populations ouestafricaines.

  • La place des femmes dans les sociétés et les économies africaines est centrale ; elle devrait l’être dans les politiques publiques et les stratégies des partenaires au développement. Les arguments en faveur de cette orientation sont nombreux et étayés par une littérature scientifique abondante, nourrie d’innombrables enquêtes de terrain. Le Secrétariat du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO/OCDE) propose une vision complémentaire et singulière des activités marchandes féminines au travers de leurs réseaux.

  • Les femmes fournissent une contribution très importante à l’économie alimentaire de l’Afrique de l’Ouest. De Dakar à N’Djaména, elles participent activement à la production, à la valorisation et à la vente des produits agricoles. Les femmes perpétuent également une longue tradition de commerce, qui contribue au processus d’intégration régionale. Ces activités essentielles à la croissance de l’économie ouestafricaine se heurtent pourtant à de nombreux obstacles qui limitent la participation des femmes aux échanges commerciaux.

  • Le Chapitre 1 souligne la contribution cruciale des femmes ouest-africaines à l’économie alimentaire et commerciale de la région. Il montre que ces activités se heurtent à de nombreux obstacles socio-économiques et institutionnels qui limitent la participation des femmes aux échanges commerciaux. L’analyse de ces inégalités de genre s’appuie sur une approche relationnelle qui cartographie les relations effectivement entretenues entre acteurs économiques et politiques au sein de leurs réseaux sociaux. Une première enquête portant sur la chaîne de valeur du riz entre le Bénin, le Niger et le Nigéria identifie les freins qui limitent les activités féminines dans le domaine de la production et de la commercialisation. Une seconde enquête régionale portant sur les réseaux de gouvernance souligne les blocages éventuels qui freinent les politiques publiques destinées à favoriser l’activité économique féminine dans la région.

  • Le Chapitre 2 examine la façon dont le genre détermine les moyens de subsistance et induit des inégalités limitant l’accès et la participation des femmes ouestafricaines aux marchés. Il analyse tout d’abord la reproduction des inégalités de genre à trois échelles différentes : individuelle, familiale et communautaire. Un examen de la littérature montre que les normes et attentes sociales qui proscrivent certains comportements et choix chez les femmes ont une incidence majeure sur le système alimentaire reliant la production, la transformation, la distribution, la consommation et la nutrition en Afrique de l’Ouest. Le Chapitre montre en outre que les inégalités de genre proviennent de différentes institutions qui animent et réglementent les marchés de la région, notamment le droit formel et coutumier, les réglementations sur le financement, le crédit et l’épargne, et les politiques relatives aux marchés et activités commerciales.

  • Le Chapitre 3 discute les spécificités méthodologiques de l’analyse des réseaux sociaux et son application à l’étude du rôle des femmes dans les réseaux marchands et de la gouvernance des activités économiques féminines en Afrique de l’Ouest. Il montre que l’analyse des réseaux sociaux diffère de celle des chaînes de valeur, habituellement utilisée pour visualiser les étapes dans lesquelles les acteurs économiques sont intégrés, des matières premières au produit final. L’analyse des réseaux sociaux cartographie l’ensemble des acteurs impliqués dans une filière agricole ou dans un type de politique publique et mesure leur importance structurelle en fonction de leurs attributs, comme le genre ou la nationalité. Ces dernières années, l’analyse des réseaux sociaux connaît un regain d’intérêt de la part des organisations internationales, qui en ont progressivement fait une aide aux politiques publiques et un levier d’autonomisation pour les communautés locales.

  • Le Chapitre 4 cartographie les relations d’affaires entre femmes et hommes impliqués dans la filière du riz local produit dans la vallée du fleuve Niger, entre Bénin, Niger et Nigéria. S’appuyant sur une approche relationnelle, l’analyse montre que les femmes occupent une position structurellement périphérique par rapport à celle des hommes quelle que soit la mesure de centralité considérée. Les femmes sont moins nombreuses dans la filière, possèdent moins de partenaires commerciaux, jouent moins le rôle d’intermédiaires et sont moins bien connectées aux acteurs très centraux que les hommes. Les résultats témoignent de l’importance jouée par les réseaux sociaux dans le développement économique de la région et des inégalités sociales qu’ils sont susceptibles de générer. Du point de vue spatial, les enquêtes montrent que les trois quarts des entrepreneurs développent des relations d’affaires au sein de leur propre pays. Seule une minorité de grossistes sont capables d’acheminer le riz sur les grands marchés de consommation nigérians en dépit de l’interdiction d’importation décrétée par le Nigéria.

  • Le Chapitre 5 cartographie les réseaux de gouvernance des acteurs impliqués dans la promotion des activités économiques féminines en Afrique de l’Ouest. Il identifie qui sont les acteurs les plus centraux, comment ils sont reliés les uns aux autres et quelles sont leurs contraintes structurelles. Une analyse des partenariats entretenus entre organisations montre tout d’abord que les organisations internationales et certains pays ouest-africains et européens jouent un rôle central dans le réseau de gouvernance du genre. Une synthèse des programmes, des priorités et des partenariats de neuf organisations parmi la centaine impliquée dans ce champ de gouvernance illustre ensuite la diversité des initiatives destinées à promouvoir la place des femmes dans l’économie productive et marchande en Afrique de l’Ouest. Enfin, une analyse des relations entretenues entre individus au sein de ces organisations suggère que le champ de la promotion économique féminine demeure fragmenté. Près d’un acteur sur quatre est déconnecté de la composante principale du réseau. Cette fragmentation ainsi que l’absence de grands intermédiaires dans le réseau ne sont guère susceptibles d’encourager la coordination des politiques de développement destinées aux femmes entrepreneurs dans la région.

  • Le Chapitre 6 analyse les obstacles fonctionnels et institutionnels rencontrés par les entrepreneurs ouest-africains. Deux points de vue sont présentés : celui des acteurs de la filière du riz entre Bénin, Niger et Nigéria, et celui des décideurs qui animent le réseau de gouvernance lié à la promotion économique féminine régionale. Les paiements illégaux prélevés aux frontières et les taxes jugées excessives ou injustes sont les obstacles qui freinent le plus le commerce selon les acteurs de la filière du riz. Les entrepreneurs locaux souhaitent davantage d’investissements dans les infrastructures physiques des marchés, le transport et l’accès au crédit. Les femmes sont proportionnellement plus nombreuses à déplorer la vétusté ou le manque d’infrastructures commerciales que les hommes. De l’avis des décideurs et spécialistes du genre, les obstacles principaux qui limitent l’activité professionnelle des femmes entrepreneurs se rapportent à l’éducation, aux services financiers, aux normes culturelles, au foncier et au système juridique. Le chapitre présente quatre stratégies basées sur les réseaux sociaux qui permettent d’accélérer les changements sociaux et d’accroître l’efficacité des organisations, deux domaines tout particulièrement pertinents pour l’entrepreneuriat féminin en Afrique de l’Ouest.