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  • Le ralentissement brutal de l’activité économique depuis 2000, principalement imputable au secteur financier, semble être en partie structurel. Le dynamisme exceptionnel des marchés boursiers internationaux qui avait stimulé la croissance dans les années 90 a peu de chances de réapparaître de sitôt. Néanmoins, la croissance tendancielle restera sans doute suffisamment forte pour exiger la poursuite des entrées nettes de travailleurs étrangers. Cela signifie que d’importantes questions relatives à l’afflux massif de main-d’œuvre étrangère continuent de se poser en ce qui concerne les politiques de l’éducation, des transports et du logement, tandis que les autorités doivent désormais s’employer à prendre des mesures qui facilitent l’ajustement à une croissance plus faible que dans les années 90. En particulier, il faut stabiliser la progression des dépenses publiques en proportion du PIB et ajuster les paramètres du système de retraite pour le rendre viable. Parallèlement, une série de réformes s’imposent pour renforcer les taux d’activité et les gains de productivité, et atténuer ainsi l’érosion de la croissance du revenu national.

  • La croissance économique s’est effondrée au Luxembourg ces deux dernières années, le secteur financier, comme le reste de l’activité financière mondiale, ayant été touché de plein fouet par l’éclatement de la bulle boursière internationale qui s’était formée à la fin des années 90. La situation du secteur financier, qui réalise directement environ un tiers du PIB, est susceptible de s’améliorer, mais il y a peu de chances qu’elle redevienne aussi favorable que dans les années 90. Par conséquent, le Luxembourg doit s’adapter à une croissance à moyen terme qui sera sans doute plus basse que dans le passé, tout en restant nettement plus élevée que dans d’autres pays européens. Comme auparavant, l’ajustement aux modifications de la croissance entraînera essentiellement des variations de l’effectif des travailleurs étrangers, notamment frontaliers...

  • L’excédent budgétaire s’est nettement contracté pendant la phase actuelle de ralentissement économique, pour revenir de 6 pour cent du PIB en 2000 à 2½ pour cent du PIB en 2002. Cette dégradation, principalement structurelle, est imputable en totalité à la croissance forte et continue des dépenses publiques, dont le ratio a augmenté de 6 points de PIB sur la période 2000-2002 pour atteindre 45 pour cent, chiffre à peine inférieur au niveau record de 1993 (ministère des Finances, 2003a). Dû pour l’essentiel à une vive hausse des dépenses de sécurité sociale et d’investissement, cet accroissement s’explique par le fait que la croissance économique a été bien plus basse qu’on ne le prévoyait quand les programmes de dépenses ont été arrêtés. En dépit de réductions d’impôts en 2001 et 2002, les recettes publiques ont augmenté en proportion du PIB, à la faveur d’une hausse des rentrées arriérés d’impôts des sociétés et d’autres facteurs ayant retardé l’effet de la récession sur les recettes fiscales. La croissance économique en 2003 sera sans doute de nouveau bien plus basse que lorsque les programmes de dépenses avaient été arrêtés, d’où, selon les autorités, une nouvelle et forte dégradation du solde budgétaire (avec un excédent prévu à 0.2 pour cent du PIB).

  • Les résidents du Luxembourg ont bénéficié d’une forte croissance économique fondée sur une utilisation intensive de capitaux et de main-d’œuvre étrangers, d’où des recettes fiscales qui ont contribué à financer des prestations sociales très généreuses et une expansion des emplois biens rémunérés dans le secteur public (voir au chapitre IV). Par ailleurs, la progression soutenue de l’emploi de travailleurs frontaliers a permis d’atténuer les conséquences des chocs économiques sur le marché du travail national (résidents), si bien que le chômage structurel est resté faible malgré des institutions du marché du travail qui, dans d’autres pays de l’OCDE, ont contribué à une augmentation prononcée de ce type de chômage. Si, comme on peut s’y attendre, la croissance à moyen terme vient à se ralentir sous l’effet d’une normalisation des perspectives du secteur financier, le produit des impôts augmentera moins rapidement et les résidents devront plus largement supporter le poids de l’ajustement en cas de choc défavorable sur le marché du travail. Le présent chapitre examine les politiques qui pourraient contribuer à atténuer le ralentissement de la croissance du revenu national et à faciliter l’ajustement du marché du travail national en cas de dégradation de la conjoncture. Ces politiques consistent principalement à accroître le taux d’emploi, à améliorer les performances du système éducatif, à amener les administrations publiques à atteindre plus efficacement leurs objectifs, y compris dans le domaine du développement durable, et à développer la concurrence en ce qui concerne la fourniture de services Internet.

  • Dans les comparaisons internationales, le Luxembourg se distingue comme le pays qui compte au sein de sa population une proportion d’étrangers bien supérieure à celle de n’importe quel autre pays de l’OCDE. Sa population est constituée d’étrangers à raison de 37 pour cent environ et les ressortissants d’autres pays représentent 65 pour cent des travailleurs salariés. Ce phénomène s’explique en partie par la taille du pays. Le Luxembourg est un petit pays situé dans une grande région économique. C’est pourquoi des mouvements sur des distances relativement courtes qui seraient considérés comme des migrations internes au sein des pays voisins de plus grandes dimensions, tels la France et l’Allemagne et même la Belgique, y sont comptabilisés comme des migrations internationales. De fait, les étrangers des pays voisins qui passent quotidiennement la frontière pour travailler au Luxembourg (« travailleurs frontaliers ») sont à peu près aussi nombreux que les étrangers résidant dans le pays, soit un tiers de la population active....