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  • Grâce aux atouts internes du Canada et à des mesures publiques opportunes, la récession mondiale n’a provoqué que des dommages financiers et économiques limités. Dès l’amorce de la crise, les autorités sont intervenues énergiquement pour maintenir les flux de crédit, en particulier en faveur des ménages, si bien que les dépenses de consommation et l’investissement en logements ont affiché une remarquable résilience tout au long de la récession. En contrepartie l’endettement des ménages a augmenté rapidement. À la faveur des mesures de relance budgétaires, le rebond initial de l’activité a été très vigoureux, mais en raison de la hausse des taux d’intérêt les ménages pourraient être de plus en plus nombreux à connaître des difficultés. Avec le resserrement prévisible de la politique monétaire, le durcissement des conditions financières résultant du très net raffermissement de la devise, la disparition progressive des mesures de relance budgétaires et la poursuite probable du ralentissement de la croissance du crédit aux ménages, le rythme de la reprise va se modérer quelque peu dans les prochains trimestres. Une fois résorbés les excédents de capacité, le taux de croissance tendancielle de l’économie devrait être beaucoup plus bas à moyen terme qu’il ne l’a été dans le passé, car la transition démographique freine l’accroissement de la population d’âge actif. Les réformes structurelles visant à stimuler la croissance de la production potentielle devraient donc rester au premier rang des priorités des pouvoirs publics.

  • La récession au Canada, essentiellement d’origine externe, a résulté d’un haut degré d’ouverture, et en particulier d’une forte exposition aux secteurs immobilier et automobile des États-Unis et aux prix des produits de base, qui ont fortement baissé pendant la récession mondiale. Dotée au départ de multiples atouts, notamment un système bancaire plus solide, un secteur des entreprises moins endetté et une situation budgétaire relativement robuste, l’économie a assez bien supporté la tempête financière mondiale et la récession qui s’est ensuivie. Les autorités monétaires et budgétaires ont coordonné leurs actions pour stabiliser les marchés de capitaux. La Banque du Canada a atténué les pressions sur les marchés de l’argent à court terme en fournissant des liquidités à terme exceptionnelles aux établissements financiers et, dans des cas limités, à d’autres participants aux marchés. En outre, elle a abaissé son principal taux directeur jusqu’à la valeur plancher effective (0.25 %) et s’est engagée à l’y maintenir jusqu’au deuxième trimestre de 2010, en fonction des perspectives de l’inflation. Le gouvernement fédéral s’est attaché à fournir des liquidités à long terme aux agents financiers à l’aide d’un certain nombre de programmes, notamment le rachat de créances hypothécaires garanties. Le gouvernement fédéral et les provinces ont appliqué conjointement des mesures de relance budgétaires pour un total d’environ 4 % du PIB, 1.6 % de PIB devant être dépensé au cours de l’exercice budgétaire 2010/11. La consommation privée a fait preuve d’une résilience remarquable, en partie grâce à un secteur bancaire plus sain qui a continué de fournir d’amples crédits aux ménages. Les rebonds de l’investissement résidentiel, du commerce mondial et des prix des produits de base ont déclenché au second semestre 2009 une reprise qui est désormais fermement établie. Le rythme de l’expansion devrait se modérer dans les derniers mois de 2010 et en 2011, lorsque les mesures de relance seront retirées, que la reconstitution des stocks touchera à sa fin et que la croissance des dépenses des ménages ralentira. Selon les dernières prévisions économiques de l’OCDE, le PIB réel croîtra de 3½ pour cent en 2010 et d’un peu plus de 3 % en 2011.

  • Le Canada a disposé de nombreux atouts pour surmonter la crise économique mondiale de 2007-09, notamment un secteur financier moins endetté, un volume limité de crédits hypothécaires à risque (subprimes) et la solidité des bilans de ses entreprises. Les mesures prises par les autorités monétaires et budgétaires ont permis de stabiliser les marchés de capitaux et apporté un soutien substantiel à l’économie. Compte tenu du redressement des échanges mondiaux et des prix des produits de base, la reprise est maintenant bien engagée, mais le rythme de la croissance devrait ralentir vers la fin de 2010 et en 2011 étant donné le retrait des mesures de relance, la reconstitution des stocks et le fait que les ménages freinent leurs dépenses en raison d’un endettement élevé. À plus long terme, le Canada devra mener à bien les mêmes réformes délicates que les autres pays de l’OCDE pour rendre plus crédible le risque de liquidation auquel s’exposent les grandes banques, ainsi que pour renforcer la concurrence, la contestabilité du marché et la surveillance exercée par les actionnaires. Dans le cadre des efforts déployés pour accroître la résistance du système financier, la communauté internationale devrait s’inspirer du modèle canadien de réglementation prudentielle fondé sur le risque, qui a permis de limiter les risques dans le secteur bancaire. Les réformes passant par d’amples augmentations des fonds propres des banques devraient s’accompagner d’un renforcement de la discipline de marché, destiné à limiter l’aléa moral et à favoriser des gains d’efficience. Les autorités devraient améliorer la réglementation des marchés de valeurs mobilières afin d’attirer les capitaux étrangers, d’encourager le jeu de la concurrence et d’améliorer la réglementation macroprudentielle.

  • Bien que la situation budgétaire du Canada demeure plus favorable que celle de beaucoup d’autres pays de l’OCDE au moment où l’économie mondiale se remet de la récession de 2008/09, ses finances publiques se sont sérieusement détériorées. Les dépenses ayant progressé pendant des années à un rythme supérieur à la croissance économique tendancielle, les dépenses structurelles atteignent aujourd’hui un niveau élevé et la trajectoire budgétaire prévisible de certaines administrations canadiennes n’est pas viable, en particulier si l’on se place dans une perspective à long terme tenant compte des conséquences budgétaires de l’évolution démographique. L’expérience nous apprend que les stratégies d’assainissement budgétaire les plus efficaces reposent sur des restrictions de dépenses plutôt que sur des augmentations d’impôts. Lorsqu’elles visent à restreindre les dépenses les moins productives, ces stratégies peuvent aussi stimuler la croissance économique. Des règles budgétaires peuvent non seulement être utiles pour assainir les finances publiques, mais aussi se révéler précieuses dans le cadre des mécanismes budgétaires généraux conçus pour limiter la dérive des déficits et contrecarrer la tendance à mener une politique budgétaire procyclique, observée dans certaines administrations canadiennes au cours des deux dernières décennies. Les administrations dont les finances sont très déficitaires devraient annoncer des objectifs de réduction du déficit dans la perspective d’un retour à l’équilibre budgétaire et envisager parallèlement de plafonner les augmentations de dépenses. Les autres administrations devraient aussi limiter l’augmentation de leurs dépenses et s’efforcer de réduire leur endettement en proportion du PIB, éventuellement en se fixant des objectifs d’excédent budgétaire. Les mesures temporaires de relance budgétaire devront venir à expiration dans les délais prévus. À ce jour, l’administration fédérale et presque toutes les administrations provinciales/territoriales se sont engagées à rétablir l’équilibre budgétaire à moyen terme, et pour ce faire elles ont défini des plans qui mettent l’accent sur le freinage des dépenses. Ces programmes s’accordent globalement avec les recommandations formulées dans la présente Étude et devraient permettre au Canada de revenir à l’équilibre budgétaire dans le moyen terme. La mobilisation de l’opinion publique et la transparence revêtent une importance primordiale pour le succès des stratégies d’assainissement des finances publiques et de désendettement. L’administration fédérale devrait continuer d’appuyer l’action du bureau du directeur parlementaire du budget, tandis que les provinces devraient envisager de mettre en place des organismes budgétaires indépendants du même type pour jauger le degré de réalisation des objectifs et assurer une plus grande transparence.

  • Le système public de santé du Canada (Medicare) offre gratuitement, à tous les résidents, des soins d’excellente qualité pour les services définis par la loi comme essentiels. La qualité des traitements et les résultats globaux au plan de la santé sont bons et la population apprécie en particulier sa notion d’équité. Toutefois, les pressions pour une maîtrise des coûts de santé sont constantes. L’affectation de ressources limitées en soins de santé s’opère par le biais de restrictions de l’offre, souvent sous la forme de listes d’attente pour les services électifs car le facteur prix ne joue aucun rôle. Par suite de l’évolution passée du système de santé canadien, quelques-uns des coûts qui augmentent le plus rapidement, notamment les coûts au titre des produits pharmaceutiques et des soins à domicile, sont largement sortis du programme Medicare. En dépit de l’égalité d’accès aux soins de santé, on observe une certaine inégalité des résultats sanitaires qui donne à penser qu’il convient d’accorder une attention plus grande à d’autres déterminants (sociaux) de la santé. Comme dans d’autres pays de l’OCDE, les contraintes devraient s’accentuer au Canada, tant à moyen terme du fait des déficits engendrés par la crise qu’à plus long terme et plus durablement, une population vieillissante nécessitant beaucoup plus de services. En même temps, la croissance de l’assiette fiscale nécessaire pour financer ces services ralentit et le progrès technologique continue d’augmenter l’espérance de vie et sa qualité de vie. L’objectif devrait être de compléter la maîtrise descendante de l’offre par une plus grande responsabilisation et par l’utilisation d’incitations au niveau microéconomique, qui sont les deux principaux moyens de promouvoir l’efficience et la qualité et, donc, la viabilité des systèmes.