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  • Actuellement, les prix mondiaux de nombreux produits agricoles de base échangés sur le marché international doivent dans une large mesure leur niveau élevé à des facteurs à caractère ponctuel, par exemple une insuffisance de l’offre due à une sécheresse, ou la diminution des stocks. Cependant, certains changements structurels, au nombre desquels l’augmentation de la demande de matières premières pour la production de biocarburants et la réduction des excédents imputable aux réformes passées de l’action publique, pourraient maintenir les prix au-dessus de leurs niveaux d’équilibre historiques au cours des dix prochaines années.

  • Les Perspectives de l’agriculture sont le résultat de travaux conduits en collaboration par l’OCDE, à Paris, et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), à Rome. L’objectif premier est d’établir chaque année les perspectives sur dix ans des principaux marchés mondiaux de produits agricoles de base, y compris une analyse des événements récents et des problèmes naissants, en mettant en commun l’expérience des deux organisations concernant les produits, l’action publique et les pays. Les projections de la production, de la consommation, des stocks, des échanges et des prix décrites et analysées dans le présent ouvrage portent sur la période 2007-2016. Elles sont le reflet de nombreuses hypothèses précises concernant les principaux facteurs externes que sont, entre autres, la situation macroéconomique, les politiques agricoles et commerciales, et l’évolution des technologies et des préférences des consommateurs. Elles ne prennent pas en considération les aléas météorologiques et leurs effets sur les rendements des cultures et les productions animales, ni les changements qu’il est envisagé d’apporter aux politiques agricoles et commerciales (par anticipation ou autre) mais qui n’ont pas encore été inscrits dans la législation ou un accord international. Les écarts qui pourraient exister entre la réalité et les hypothèses retenues font partie des incertitudes importantes qui pèsent sur les Perspectives et dont les répercussions éventuelles sont également évaluées dans le présent rapport.

  • Les marchés internationaux du blé et des céréales secondaires se sont caractérisés par une production fortement déficitaire en 2006/07, dans la mesure où les conditions climatiques défavorables ont entraîné des baisses de rendement dans des zones de production importantes. En Australie, victime d’une grave sécheresse, les récoltes de blé et de céréales secondaires ont été respectivement inférieures de 61 % et de 51 % par rapport à celles de l’année précédente, ce qui a entraîné une chute brutale des exportations et des stocks de clôture. La production de blé et de céréales secondaires a fortement baissé dans l’Union européenne (UE) et aux États-Unis également. Cette situation s’explique notamment par des baisses de rendement liées aux conditions climatiques et par la diminution des superficies plantées en céréales. Au total, les quantités de blé et de céréales secondaires produites par l’Australie, l’Union européenne et les États-Unis ont été inférieures de quelque 57 mt à celles de l’année précédente. En Inde, bien que la production de blé ait atteint des niveaux comparables aux tendances passées, ce pays a cessé de vendre ses vastes stocks de blé et a dû importer 6.5 mt de blé en 2006, alors que les importations de 2005 étaient insignifiantes. Les récoltes abondantes réalisées dans d’autres pays, notamment en Chine et dans certains pays africains, n’ont que partiellement compensé ces déficits.

  • Au cours de l’année civile 2006, les marchés des oléagineux se sont caractérisés par une importante diversité, mais ils ont connu des évolutions des prix un peu moins spectaculaires que les autres marchés des productions végétales. Les prix du colza et de l’huile de colza ont augmenté de près de 20 % durant l’année 2006. Ceux des autres oléagineux et produits oléagineux ont été moins orientés à la hausse. Cependant, au quatrième trimestre, les prix de tous les oléagineux et produits oléagineux ont accusé une tendance impressionnante à l’augmentation. Ces évolutions des prix découlent de la concurrence foncière entre les oléagineux et les céréales, en particulier aux États-Unis. Les prix mondiaux du blé et des céréales secondaires ont été poussés à la hausse par le recul des récoltes enregistré dans certains pays et par l’essor de la production d’éthanol dans un contexte de baisse des stocks. Des pressions se sont donc exercées sur les superficies en oléagineux – notamment celles cultivées en soja –, d’où une augmentation des prix. Cette concurrence et la demande croissante d’huile de colza pour la production de biodiesel ont aussi stimulé la demande et les prix des autres huiles végétales. La forte hausse des prix de la viande observée fin 2006 est également une conséquence des prix élevés des céréales, la demande s’orientant de plus en plus vers les tourteaux d’oléagineux pour remplacer les céréales, relativement plus onéreuses, dans l’alimentation du bétail. Les stocks de soja aux États-Unis ont atteint un niveau record en 2006 et sous-tendu le niveau des stocks mondiaux d’oléagineux. L’ampleur des stocks relevés en 2006 malgré la forte demande et les prix élevés des oléagineux peut s’expliquer par les bonnes récoltes et l’anticipation de prix encore plus élevés en 2007. De fait, les prix continueront normalement de se raffermir en 2007, car la demande d’oléagineux devrait rester forte et les prix élevés du maïs devraient continuer de faire pression sur les superficies en soja aux États-Unis.

  • Les cours mondiaux du sucre ont fait preuve d’une grande instabilité en 2005/06, et ils ont atteint leur niveau le plus élevé depuis 25 ans au début de 2006. En progression constante depuis 2003, les prix mondiaux sont montés en flèche à la fin de 2005 et au début de 2006, sous la pression d’une contraction des disponibilités et d’une convergence croissante entre les cours internationaux du sucre et ceux du pétrole, puis ils sont retombés et ont ensuite régulièrement baissé jusqu’à la fin de l’année à mesure que le déficit de l’offre mondiale se résorbait. Pour 2006/07, le bilan mondial, auparavant déficitaire, laisse désormais apparaître un solde largement excédentaire, la production des pays exportateurs comme des pays importateurs ayant réagi à la hausse des prix au cours de la campagne précédente. D’après les prévisions, les prix mondiaux du sucre brut baisseraient de près de 27 % pour s’établir à 11.5 cents/livre (253.5 USD/t) en 2006/07, en raison de l’abondance des disponibilités, de l’augmentation des stocks et de l’apparition d’un excédent sur le marché mondial. La marge sur le sucre blanc était encore ferme à la fin de 2006 du fait de la contraction de l’offre consécutive à la réforme de la politique sucrière de l’UE et à la baisse des exportations qui en a résulté, privant ainsi le marché mondial de grandes quantités de sucre raffiné de qualité supérieure. En conséquence, si les prévisions font état de prix en baisse pour le sucre blanc en 2006/07, le recul devrait être moins rapide que pour le sucre brut, étant donné le temps qu’il faudra au marché pour combler le vide laissé par le retrait de l’UE.

  • Les facteurs qui influent habituellement sur les perspectives du secteur de la viande, notamment les variations des taux de change, la hausse des revenus et la croissance démographique, restent les principaux déterminants de l’évolution des marchés. Néanmoins, de nombreux autres éléments jouent également un rôle décisif au niveau national, mais aussi international. Les marchés de la viande demeureront très tributaires des répercussions des épizooties et de la multiplication des normes relatives à la sécurité de la viande et au bien-être des animaux qui en découlent. Les normes environnementales seront également de plus en plus importantes. Les autres facteurs sont les nouvelles politiques publiques, les répercussions de la sécheresse survenue dernièrement en Australie, le retour de la concurrence des exportations nord-américaines dans la région du Pacifique, les modifications apportées aux obstacles commerciaux liés aux maladies et les conséquences de la production d’énergies renouvelables (bioéthanol et biodiesel) sur le prix des aliments du bétail. Ensemble, les bouleversements que connaîtront les échanges et les brusques fluctuations des prix auront pour effet d’accroître petit à petit la complexité de la structure des échanges, et s’accompagneront d’une augmentation du nombre des pays importateurs et exportateurs de viande.

  • Les facteurs qui influencent le marché des produits laitiers et déterminent les projections concernant ce secteur n’ont guère changé par rapport à ceux dont il était fait état dans les précédentes éditions du rapport. Néanmoins, la récente montée en flèche des prix des produits laitiers, qui s’étaient déjà redressés après un creux en 2002-2003, les fait apparaître avec plus de clarté. De manière générale, la croissance économique à l’oeuvre dans de nombreux pays, en particulier en Asie du Sud et du Sud-Est, mais également dans certaines régions d’Amérique du Sud, stimule la demande de produits laitiers, sensible au revenu. Cette demande est aussi portée par le rôle de plus en plus important que jouent les chaînes de distribution et les entreprises multinationales, qui facilitent l’accès des consommateurs aux produits laitiers et, dans de nombreux pays, par des programmes gouvernementaux (de distribution de lait dans les écoles, par exemple). En revanche, la réforme des politiques de soutien aux produits laitiers, en Europe mais aussi dans d’autres pays développés, limite considérablement les excédents susceptibles d’être exportés par ces pays. Cette évolution devrait contribuer à la hausse des prix.

  • Cette section apporte des informations sur les aspects méthodologiques de l’établissement des Perspectives agricoles présentées ici, qui sont traités successivement comme suit. Est tout d’abord donnée une description générale des projections de référence, ainsi que du rapport sur les Perspectives agricoles. La structuration, en un ensemble cohérent, des hypothèses faites pour les projections macroéconomiques est ensuite analysée plus en détail. Enfin, une troisième partie présente un élément important de la modélisation qui a été amélioré pour l’établissement de ces Perspectives, en l’occurrence la représentation des coûts de production dans les équations d’offre du modèle.