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  • Le projet « Environnements pédagogiques novateurs » (ILE/Innovative Learning Environments) est une étude internationale menée par le Centre pour la recherche et l’innovation dans l’enseignement (CERI/Centre for Educational Research and Innovation) de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Cette étude porte essentiellement sur des moyens novateurs d’organisation de l’apprentissage chez les jeunes, visant à avoir une incidence positive sur le programme actuel de réforme éducative, grâce à une conception, tournée vers l’avenir, de l’apprentissage et de l’innovation. L’étude ILE a vu le jour dans le cadre des travaux de l’OCDE/du CERI sur le projet « L’école de demain » (Schooling for Tomorrow), mais elle s’en est largement démarquée, en se concentrant sur l’apprentissage plutôt que sur la scolarité, et en abordant dans un premier temps le niveau micro des environnements pédagogiques, avant d’élargir ses perspectives à des implications plus systémiques (plutôt que l’inverse).

  • L’innovation est un élément clé des sociétés et économies actuelles, et cela comprend la façon dont nous apprenons. Ce rapport porte sur des cas inspirants d’environnements pédagogiques novateurs du monde entier, faisant partie du projet « Environnements pédagogiques novateurs » (ILE) de l’OCDE. Ce projet a recueilli 125 exemples issus de plus de 20 pays et mené des recherches consistant en des études de cas détaillées concernant 40 d’entre eux. Ces cas ont été identifiés au sein de leur propre système comme s’écartant significativement des dispositifs pédagogiques traditionnels destinés aux jeunes enfants ou aux adolescents plus âgés, tout en promettant d’atteindre les objectifs ambitieux nécessaires au XXIe siècle.

  • Ce chapitre reprend les « principes pédagogiques » de la phase de recherche sur l’apprentissage du projet ILE et la façon dont ces derniers devraient guider la conception de tous les environnements pédagogiques. Il donne un aperçu des traditions d’efficacité et d’amélioration de l’école, en étudiant la cohérence entre les travaux de l’étude ILE et les importantes découvertes issues de ces traditions, mais aussi en mettant en avant quelques écueils auxquels elles donnent lieu. Pour se concentrer plus directement sur l’apprentissage plutôt que sur l’école, deux concepts cadres supplémentaires sont pris en compte : l’« approche pédagogique » et l’« environnement pédagogique ». Le chapitre passe en revue deux types d’approches pédagogiques – celles associées à un enseignement non conventionnel et celles décrites en tant qu’« innovation fondée sur la recherche » – et souligne la raison pour laquelle l’« environnement pédagogique » constitue le principal cadre d’apprentissage de cette étude. Il fournit la définition de base de « l’environnement pédagogique » de l’étude ILE/OCDE sur laquelle les environnements particulièrement novateurs, solides et efficaces doivent se fonder. Ce chapitre s’achève par une discussion sur l’innovation, telle qu’illustrée dans les cas du projet.

  • Parmi les cas novateurs étudiés, certains portent sur des milieux aisés, mais beaucoup d’autres non, que ce soit en raison de la mixité du profil des élèves ou des communautés défavorisées desquelles ils sont issus. Certains sont sélectifs, dans le sens où ils choisissent des élèves aux capacités particulières (par. ex. intéressés par la science). Plus fréquemment, dans ce rapport, les critères de sélection sont fixés de sorte à inclure les élèves qui seraient peu pris en charge ailleurs, comme ceux présentant des besoins particuliers ou autrement à risque. L’environnement pédagogique peut également fixer son choix en fonction de critères tels que l’âge des élèves, bien que cela puisse être déterminé par les systèmes suivant des cycles bien établis. De nombreux cas de notre étude se sont concentrés sur des apprenants de tous âges, en partie pour éviter les perturbations qui peuvent survenir notamment au cours de la transition de l’enseignement primaire vers le secondaire. Dans plusieurs cas, les parents sont également apprenants.

  • Ce chapitre porte sur la façon dont les environnements pédagogiques novateurs ont innové les autres composants de base du noyau pédagogique, en dehors des apprenants : la redéfinition du contenu (le pourquoi?), des ressources (avec quoi?) et des enseignants (avec qui?) offre de nombreuses possibilités de changement pour les environnements pédagogiques, tel que l’illustre largement ce chapitre. Les innovations du contenu de l’apprentissage sont abordées via deux axes différents : premièrement, de nombreux ILE ont délibérément cherché à développer les compétences du XXIe siècle et deuxièmement, il existe de nombreux exemples d’innovation dans des domaines ou des sujets de connaissance spécifiques, comme les programmes interdisciplinaires, les langues et l’approche multiculturelle, et le développement durable. Les innovations en matière de ressources portent sur les ressources numériques et la technologie, d’une part, et les installations, infrastructures et espaces pédagogiques, d’autre part. L’innovation peut être développée par l’intégration de différents experts, adultes ou pairs dans le cadre d’une coopération ou afin qu’ils agissent en tant qu’enseignants, comme il arrive souvent dans nombre des cas novateurs étudiés.

  • Ce chapitre analyse quatre aspects des dynamiques organisationnelles qui relient les éléments du noyau pédagogique : le regroupement des éducateurs, le regroupement des apprenants, la reprogrammation de la durée d’apprentissage, et le changement des approches pédagogiques et leur mélange. Plusieurs principes de base sont énumérés pour l’enseignement en équipe : travail collaboratif, ouverture à des options plus pédagogiques et attention portée à certains groupes d’apprenants. Le regroupement des apprenants suppose des écarts par rapport aux associations par âge traditionnelles et de plus petits groupes permettant de créer un plus grand sentiment d’appartenance ou des approches distinctives parallèles. De nombreux cas ont recours à une flexibilité de la durée, sous la forme par exemple de programmes pédagogiques personnalisés ou de l’utilisation de structures virtuelles qui s’écartent de l’apprentissage à durée fixe obligatoire. Concernant les pédagogies, ce chapitre porte essentiellement sur le travail collaboratif et par investigation, ainsi que sur des approches à forte composante technologique (l’utilisation du film est une caractéristique proéminente de nombreux établissements novateurs). Ce chapitre souligne l’importance du mélange des approches pédagogiques (y compris l’apprentissage direct), plutôt que d’une méthode ou une technologie isolée.

  • Ce chapitre considère les environnements pédagogiques comme des écosystèmes dirigés et aborde la manière dont ils se développent au fil du temps pour maintenir (et idéalement renforcer) l’apprentissage au coeur des préoccupations et concrétiser les principes d’apprentissages des Environnements pédagogiques novateurs (ILE). Dans ce cycle continu, le leadership constitue un élément essentiel permettant de garantir que des conceptions pédagogiques particulières sont mises en place. Le leadership pédagogique exige une certaine vision, ce qui implique nécessairement la mise en oeuvre de stratégies permettant à cette vision de se« concrétiser ». L’investissement personnel et le développement professionnel de l’enseignant sont des aspects clés du processus de conception. Les apprenants eux-mêmes, constituent des partenaires essentiels au sein des environnements pédagogiques (« la voix de l’apprenant »). Pour être formatif, l’environnement pédagogique doit être très bien informé de l’apprentissage qui se déroule en son sein, ce qui en fait un environnement « riche en informations ». Pour que cette richesse d’informations continue de nourrir le développement de l’environnement pédagogique, les informations doivent être remontées, réfléchies et utilisées de manière stratégique pour « reconcevoir » l’environnement pédagogique.

  • Les environnements pédagogiques modernes ne pourront pas survivre en travaillant de manière isolée, ils devront au contraire être reliés à divers partenaires, réseaux et communautés professionnelles. En s’associant à des établissements d’enseignement secondaire, les environnements pédagogiques peuvent bénéficier de l’expertise offerte, mais ces avantages sont à double sens. De la même manière, les partenariats culturels et sociaux élargissent les frontières en offrant un accès aux matériels culturels, aux expériences et aux diverses expertises en matière d’enseignement. Les sociétés partenaires incluent les entreprises locales ou plus larges, ainsi que diverses fondations. Les familles et les communautés peuvent devenir de véritables partenaires, en s’associant au noyau pédagogique via les enseignants, les ressources et le contenu communautaires, ainsi qu’au travers de méthodes pédagogiques basées sur des projets, qui dépendent de l’engagement communautaire. Le partenariat avec d’autres environnements pédagogiques est essentiel et mutuellement bénéfique. Certains dépendront des technologies pour collaborer à distance, tandis que d’autres utiliseront des formes de dialogue et d’action en face à face plus directes. Par exemple, certains deviennent des modèles et des sources d’apprentissage professionnel pour les autres.

  • Les cas novateurs confirment amplement ce que la recherche nous dit, à savoir garantir un apprentissage efficace et percutant et ce que les principes d’apprentissage signifient réellement en pratique. Ce chapitre montre comment les études de cas sur les Environnements Pédagogiques Novateurs (EPN) : 1) font de l’apprentissage un élément central, encouragent l’investissement personnel, lorsque les apprenants commencent à se considérer en tant que tels; 2) assurent un apprentissage social et souvent collaboratif; 3) et très en accord avec les motivations des apprenants et l’importance des émotions; 4) sont extrêmement attentifs aux particularités individuelles, notamment en ce qui concerne les connaissances préalables; 5) sont exigeants envers chaque apprenant sans pour autant imposer une charge de travail excessive; 6) utilisent des évaluations conformes à leurs objectifs, en insistant sur le feedback formatif; et 7) encouragent la connexité horizontale entre les activités et les sujets, au sein et en dehors de l’établissement d’enseignement. Naturellement, ils ne sont pas identiques partout et doivent être interprétés en relation avec leur contexte local. Beaucoup de pratiques répondent à de nombreux principes en même temps.

  • Ce chapitre réunit les différentes dimensions et idées autour des environnements pédagogiques novateurs. Il se concentre sur trois axes ou couches – le « noyau pédagogique », le « cycle formatif » au sein de l’organisation et les partenariats – et indique comment les principes d’apprentissage doivent y occuper une place centrale et s’en imprégner. Ils définissent les caractéristiques auxquelles les environnements pédagogiques novateurs modernes doivent aspirer. Ce chapitre analyse comment certains fondamentaux traditionnels de l’enseignement sont repensés au travers des innovations proposées : les contraintes de proximité et de distance et l’équilibre entre le social et l’individuel. Il revisite les quatre « pompes » à innovation définies dans une précédente étude de l’OCDE et les obstacles à l’innovation identifiés. Ces derniers déterminent les facteurs clés sur lesquels se concentrer pour assurer la croissance et la pérennité des environnements pédagogiques novateurs : évaluation et résultat, technologie, changement organisationnel, et construction et transformation de systèmes