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  • Il ressort des Lignes directrices sur la réduction de la pauvreté adoptées en 2001 par le CAD que les diverses formes que prend la pauvreté (privation sur les plans matériel, humain, politique et socioculturel et dans le domaine de la sécurité) sont étroitement liées les unes aux autres, et qu’elles sont toutes traversées par le problème de l’absence d’équité entre hommes et femmes et celui de la viabilité du point de vue écologique

  • Pour être rapide et soutenue, la réduction de la pauvreté monétaire doit s’appuyer sur une croissance pro-pauvres, c’est-à-dire une croissance dont le rythme et les modalités améliorent l’aptitude des pauvres, hommes et femmes, à participer à l’activité économique et à en tirer avantage.

  • La pauvreté a des dimensions multiples et la croissance pro-pauvres sera renforcée par les progrès accomplis dans d’autres dimensions. Dans la lutte contre la pauvreté, la notion de dichotomie entre les politiques ne s’applique pas. Des arbitrages restent à opérer mais peuvent être mieux gérés.

  • Pour que des politiques propices à une croissance pro-pauvres puissent voir le jour, il faut que les pauvres disposent des informations et des moyens nécessaires pour s’associer au processus d’élaboration des politiques afin que celui-ci tienne compte de leurs intérêts. La responsabilisation politique et la participation.

  • Les mesures propices à une croissance pro-pauvres s’accompagnent d’importantes conséquences pour la façon dont les donneurs aident les pays partenaires. Une action, même renforcée, s’inscrivant dans la continuité du passé ne suffira pas.

  • Vecteur principal de la croissance économique et de la création d’emplois, le secteur privé a un rôle central à jouer dans le renforcement de l’action visant à réduire la pauvreté et à atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Les gouvernements des pays en développement ont tout intérêt à instaurer un climat des affaires qui permette au secteur privé de prospérer et de remplir son rôle de moteur premier de la croissance.

  • Le secteur informel occupe une large place dans l’économie de nombreux pays en développement et en transition. Il représente 42 % de la valeur ajoutée en Afrique, 41 % en Amérique latine et 35 % dans les économies en transition d’Europe et de l’ex-Union soviétique, contre 13.5 % dans les pays de l’OCDE. Il offre un emploi et un revenu à beaucoup de personnes qui ont perdu leur travail ou ne parviennent pas à en trouver dans le secteur formel, et englobe un nombre particulièrement élevé de femmes, de jeunes et d’autres catégories défavorisées. On estime par exemple que l’emploi informel représente 84 % de l’emploi des femmes en Afrique subsaharienne.

  • La réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement exige l’instauration d’une croissance rapide et soutenue dans les pays en développement. Il est désormais largement admis que le secteur privé doit être le moteur de la croissance et que les pouvoirs publics doivent s’employer à offrir des conditions propices à son expansion.

  • Les programmes de réforme économique engagés dans un grand nombre de pays en développement pendant les années 80 mettaient l’accent sur la nécessité de créer un climat propice au développement du secteur privé. À l’origine, on espérait beaucoup qu’une vague de réformes à caractère macro-économique (« permettant de ramener les prix à leur juste valeur ») générerait rapidement des gains sur le front de la croissance économique. Or c’est la désillusion qui s’est répandue face aux chiffres de la croissance affichés par beaucoup de pays en développement. Au cours des années 90, seuls 18 des 117 pays comptant plus d’un demi million d’habitants ont réussi à maintenir des taux de croissance supérieurs à ceux enregistrés dans les pays industrialisés1. A présent, on prend généralement conscience du fait qu’il faudra bien d’autres réformes de grande ampleur pour améliorer les conditions d’investissement, qu’il faudra du temps pour les mener et que la tâche ne sera pas aisée.

  • D’abord et avant tout, il est important, pour promouvoir le développement du secteur privé et ainsi accroître sa contribution à la lutte contre la pauvreté, de disposer d’un secteur financier solide, comprenant une banque centrale, des banques d’affaires et des institutions financières non bancaires (y compris des organismes de microfinancement et d’autres mécanismes de financement tels que des coopératives, des caisses de crédit et des caisses d’épargne), ainsi que des marchés de capitaux.

  • Dans le monde en développement, la majorité des travailleurs se concentre dans les petites et moyennes entreprises du secteur privé. Il peut s’agir de travailleurs indépendants dans les services ou l’agriculture ou de travailleurs salariés dans des entreprises industrielles petites et moyennes. Certaines de ces entreprises sont informelles et non enregistrées, d’autres sont totalement intégrées dans l’assiette fiscale nationale, déclarent leurs revenus et leurs dépenses et se conforment aux lois et règlements qui régissent les recrutements, les licenciements, la production et la vente. Quel que soit leur statut, ces activités économiques sont capitales pour les travailleurs comme pour les patrons.

  • La croissance économique sera pro-pauvres dans la mesure où son rythme et ses modalités offrent aux pauvres des opportunités et où ils sont en mesure de les saisir. Aux gouvernements des pays en développement d’instaurer un climat des affaires favorable pour tous les acteurs du secteur privé. Pour cela, ils doivent savoir quelles sont les principales difficultés rencontrées par les différents acteurs de ce secteur privé pour apporter leur contribution à une croissance économique pro-pauvres. L’un des moyens d’accélérer une telle croissance et de générer de l’emploi consiste à cibler les services sur les entrepreneurs pauvres, essentiellement MPME, entrepreneurs et travailleurs informels et petits exploitants agricoles (OCDE, 2004).

  • Dans la plupart des pays pauvres, le secteur agricole est l’un des principaux pourvoyeurs d’emplois et assure une part importante du revenu national et des recettes d’exportation. La croissance de l’agriculture est généralement favorable aux pauvres dans la mesure où elle mobilise les principaux actifs des populations défavorisées, à savoir la terre et le travail, et dynamise l’économie dans les zones rurales où vit la majorité des pauvres. L’agriculture établit un lien entre croissance économique et ruraux pauvres en améliorant leur productivité comme leurs revenus. L’importance de l’agriculture pour la lutte contre la pauvreté ne se limite cependant pas à son impact direct sur les revenus ruraux. En effet, la croissance de l’agriculture, en particulier grâce à l’augmentation de la productivité du secteur, fait reculer la pauvreté en permettant une baisse et une stabilisation du prix des produits alimentaires, en améliorant l’emploi des pauvres vivant en zone rurale, en accroissant la demande de biens de consommation et de services et, enfin, en stimulant la croissance dans les secteurs d’activité non agricoles.

  • De tout temps, l’amélioration de la productivité du secteur agricole a largement contribué à la croissance économique et au recul de la pauvreté. Au cours de ces trente dernières années, la progression spectaculaire de la production alimentaire mondiale a conduit à une baisse générale des prix mondiaux des produits alimentaires, à une augmentation des apports caloriques et à une diminution du taux de sous-alimentation, ainsi qu’à une forte hausse des rendements de certains investissements clés en agriculture.

  • De tout temps, l’amélioration de la productivité du secteur agricole a largement contribué à la croissance économique et au recul de la pauvreté. Au cours de ces trente dernières années, la progression spectaculaire de la production alimentaire mondiale a conduit à une baisse générale des prix mondiaux des produits alimentaires, à une augmentation des apports caloriques et à une diminution du taux de sous-alimentation, ainsi qu’à une forte hausse des rendements de certains investissements clés en agriculture.

  • La hausse de la productivité liée à la production est certes indispensable à l’instauration d’une croissance pro-pauvres par le biais de l’agriculture, mais les ménages ruraux pauvres sont également tributaires de tout un éventail d’activités économiques non agricoles qui s’inscrivent dans leurs stratégies de subsistance. La diversification des activités rémunératrices pratiquées par les membres de ménages agricoles progresse, offrant d’autres possibilités de rémunération que celles provenant de la production agricole. Or ces possibilités sont autant de solutions cruciales sur la voie de la réduction de la pauvreté.

  • Il est essentiel, pour instaurer une croissance pro-pauvres grâce à l’agriculture, de gérer les risques et de réduire les vulnérabilités. L’agriculture est peut-être, en effet, le secteur économique qui présente le plus de risques, car elle est non seulement soumise aux risques de variation des cours des produits que connaissent de nombreux secteurs, mais aussi très dépendante d’une nature qui la rend vulnérable aux sécheresses, aux inondations et aux parasites. Les caractéristiques et les répercussions de ces risques varient d’un monde rural à l’autre : l’instabilité des marchés internationaux retentit directement sur les producteurs du monde rural 1 et, en fin de compte, sur leur offre de travail aux mondes ruraux 3 et 4, cependant que des risques génériques tels que les conditions météorologiques peuvent amener les ménages des mondes ruraux 2 et 3 aussi bien au-dessus qu’au-dessous des seuils de rentabilité et de sécurité alimentaire.

  • Le contexte présidant à l’élaboration et à la mise en oeuvre des politiques agricoles a radicalement changé au cours des récentes décennies. Sur les marchés, certains facteurs importants pour les producteurs pauvres se sont dégradés, en partie sous l’effet des mesures protectionnistes prises par les pays développés. Le cadre d’action orientant les choix publics d’investissement en faveur de l’agriculture a été rénové. En outre, de nouvelles crises sanitaires et d’autres formes de choc modifient la démographie des zones rurales et ont des conséquences majeures sur les capacités productives. Enfin, les ressources naturelles sur lesquelles repose l’agriculture sont soumises à des contraintes liées à l’évolution de l’environnement.

  • Des infrastructures fiables et efficientes sont indispensables au développement économique et social et, partant, à la croissance pro-pauvres. En augmentant la productivité de la main-d’oeuvre et en réduisant les coûts de production et de transaction, les infrastructures économiques – transport, énergie, TIC et réseaux d’eau potable, d’assainissement et d’irrigation – stimulent l’activité économique et contribuent, par la croissance, à faire reculer la pauvreté. En conséquence, pour les pays partenaires du CAD, il s’agit, avec le concours des donneurs, de mettre en place des équipements et des services d’infrastructure durables pour améliorer les conditions de vie des pauvres et leur permettre de participer à la croissance.

  • Des investissements insuffisants, une planification inadaptée, un mauvais entretien et une gestion du secteur qui ne s’inscrit pas dans la durée sont autant de facteurs qui ont provoqué dans la plupart des pays partenaires du CAD – en particulier ceux à faible revenu – un énorme retard dans le domaine des infrastructures. S’ils ne marquent pas de progrès majeurs, ces pays ne pourront pas réduire sensiblement la pauvreté et atteindre les OMD. Une stratégie plus adaptée s’impose donc, qui doit améliorer de façon sensible et durable le développement des installations et des services d’infrastructure et les possibilités d’accès, en particulier par les populations pauvres. La plus grande difficulté sera de lancer une dynamique de croissance qui développe des services d’infrastructure dont les pauvres bénéficient et à laquelle ils sont partie prenante.

  • Le premier principe traduit le rôle de premier plan que doivent jouer les pays partenaires. Il appartient en effet à ces pays de créer des systèmes solides qui assurent un flux d’aide fiable et de définir des méthodes rigoureuses de planification et de gestion qui visent à promouvoir une croissance pro-pauvres et à développer les infrastructures. Il leur appartient également d’exposer ces méthodes dans des stratégies de réduction de la pauvreté et des stratégies sectorielles cohérentes formulées en accord avec les parties prenantes – et notamment les pauvres et les donneurs. Ces derniers peuvent appuyer cette approche axée sur les réalisations et impulsée par les pays en participant au renforcement des capacités et en coordonnant et en harmonisant leur aide dans le sens des priorités nationales de réduction de la pauvreté.

  • Ce chapitre traite des conséquences des quatre principes directeurs (chapitre 18) sur les quatre secteurs infrastructurels qui font l’objet de cette étude : transports, énergie, technologies de l’information et de la communication et gestion intégrée des ressources en eau, notamment irrigation, eau potable et assainissement. Il décrit le rôle que jouent les différents secteurs dans la lutte contre la pauvreté, puis expose plus en détail l’application des principes dans chacun d’entre eux.

  • Si les objectifs des principes directeurs proposés dans ce rapport sont les mêmes partout, la situation de certains pays partenaires nécessitera néanmoins des adaptations. Le présent chapitre explique comment appliquer les principes dans les pays à faible revenu les plus fragiles, y compris ceux en proie à un conflit ou une catastrophe naturelle ou sortant de ces situations, et dans les pays à revenu intermédiaire où il existe des poches de pauvreté importantes. Ce chapitre examine également le rôle des infrastructures régionales et transfrontalières, particulièrement important dans le cas des pays sans littoral.

  • L’OCDE s’emploie à ce que les donneurs harmonisent davantage leurs pratiques. Dans ce cadre, l’Équipe de projet InfraPoor recommande que les donneurs favorisent, pour chaque secteur infrastructurel, le recours plus systématique aux systèmes informatisés de gestion, aux appréciations préalables de l’impact sur la pauvreté, aux dispositifs de suivi et autres. L’application effective des principes directeurs passe par des données et indicateurs de bonne qualité, par des analyses et un suivi approfondis. Les appréciations préalables augmentent en effet les chances de voir les projets favoriser une croissance pro-pauvres, tandis que le suivi est indispensable pour s’assurer que le calendrier des travaux est respecté et corriger les défauts de conception identifiés. Enfin, la phase d’évaluation permet de tirer des enseignements utiles pour l’avenir et de rendre compte aux investisseurs et aux parties prenantes des actions menées. La situation actuelle est loin d’être parfaite : on note une hétérogénéité des méthodes et instruments utilisés pour accomplir les mêmes tâches, les donneurs ont de multiples exigences vis-à-vis des pays partenaires et, enfin, les ressources manquent pour la gestion et l’analyse des données. Le présent chapitre propose quelques pistes pour remédier à ces difficultés.

  • Ce chapitre indique la démarche à adopter par les donneurs pour effectuer un suivi de l’application des principes directeurs énoncés dans le présent rapport et les indicateurs à utiliser pour ce faire.

  • La Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide souligne l’importance que revêtent les cadres orientés vers les résultats, l’harmonisation et l’alignement pour l’amélioration de l’efficacité de l’aide et l’obtention de résultats plus favorables aux pauvres. L’évaluation ex ante d’impact sur la pauvreté peut renseigner les donneurs et les pays partenaires sur les conséquences probables, voulues ou non voulues, des interventions des donneurs.

  • L’évaluation ex ante d’impact sur la pauvreté est un processus expressément conçu pour renseigner les donneurs et les pays partenaires sur les conséquences probables, voulues ou non voulues, des interventions des donneurs. Elle permet aussi d’apprécier le bien-être de différents groupes sociaux, notamment des populations pauvres et vulnérables. L’approche de la pauvreté qui est retenue est une approche multidimensionnelle telle qu’elle est définie dans les Lignes directrices du CAD pour la réduction de la pauvreté et ancrée dans les OMD. Dans la pratique, il peut s’agir aussi bien d’un examen rapide que d’une analyse plus approfondie.

  • Les étapes à suivre pour conduire une évaluation ex ante d’impact sur la pauvreté sont décrites dans cette section en termes très généraux. Des instructions plus précises en la matière sont données dans un manuel intitulé « Guidance on Undertaking an Ex ante Poverty Impact Assessment » (OCDE, 2005) qui est en cours d’élaboration.

  • La communauté internationale doit se doter d’un système de notification qui ne repose plus exclusivement sur les « moyens mis en oeuvre » mais qui prenne en considération « l’impact et les résultats ». Les donneurs sont nombreux aujourd’hui à expérimenter des approches dans cette optique.

  • Il ne sera possible d’intégrer une nouvelle méthodologie dans les procédures établies des donneurs que si les avantages attendus l’emportent sur les coûts en ressources. L’un des principaux atouts de l’évaluation ex ante d’impact sur la pauvreté tient à ce qu’elle permet d’intégrer des approches, une terminologie et des procédures déjà en place. Sa nouveauté vient de ce qu’elle les fond en un modèle unique et que les résultats de l’évaluation peuvent être visualisés grâce à des matrices relativement simples. D’où la possibilité de faire intervenir plusieurs organismes donneurs dans des exercices d’évaluation ex ante d’impact sur la pauvreté à partir d’une grille commune. Cela réduit considérablement la charge à supporter par les gouvernements des pays partenaires face aux méthodes concurrentes et aux demandes contradictoires des uns et des autres. L’harmonisation des évaluations ex ante d’impact sur la pauvreté est parfaitement conforme à l’esprit de la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide.